Un accord définitif sur le nucléaire iranien est encore loin d’être conclu

Au lendemain de l’annonce d’un « accord-cadre » signé à Lausanne par le groupe 5+1 (les 5 membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) et l’Iran au sujet de son programme nucléaire, les commentaires sont allés bon train. Un quotidien du soir a ainsi parlé de « pari remporté » par Barack Obama, le président américain, et d’une « défaite stratégique » pour Benjamin Netyanahu, le Premier ministre israélien.

Mais c’est aller sans doute un peu vite en besogne. D’ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a toujours défendu la nécessité d’un « accord solide » pour éviter la prolifération d’armes nucléaires au Moyen Orient, avait prévenu qu’il restait encore beaucoup à faire avant d’obtenir un accord définitif avec Téhéran. dernier doit être conclu d’ici le 30 juin prochain.

Pour rappel, l’accord-cadre de Lausanne prévoit, entre autres, une réduction des capacités iraniennes à enrichir de l’uranium, la transformation du réacteur à eau lourde d’Arak afin qu’il ne soit plus en mesure de produire du plutonium, une baisse de 98% du stock d’uranium enrichi à 3,67%. La période pour produire suffisamment de matière pour fabriquer une bombe nucléaire, ce que l’on appelle le « breakout time », a été porté à au moins 10 ans (contre 2 à 3 mois actuellement).

En échange, Téhéran a obtenu l’abrogation des sanctions internationales qui frappent son économie. Or, c’est justement sur ce point précis qu’il y a un problème. Pour les Occidentaux, ces dernières ne pourront être levées qu’en fonction du respect des engagements pris par l’Iran, qui devra en outre ouvrir ses installations aux inspecteurs de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA). Sauf que les responsables iraniens ne l’entendent pas ainsi.

« Nous ne signerons aucun accord si les sanctions ne sont pas levées le même jour. Nous voulons un accord gagnant-gagnant pour toutes les parties impliquées », a affirmé, ce 9 avril, Hassan Rohani, le président iranien, lors d’un discours à l’occasion de la Journée nationale de la technologie nucléaire.

Mais dans cette affaire, c’est le guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui aura le dernier mot. Du moins du côté iranien. Lors d’un discours prononcé à Téhéran, il a évoqué l’accord signé à Lausanne.

« Ce qui a été fait jusqu’à maintenant ne garantit ni l’accord en lui-même, ni son contenu, ni même que les négociations iront jusqu’au bout », a ainsi estimé l’ayatollah Khamenei. « Tout est dans le détail, il se peut que l’autre partie, qui est déloyale, veuille limiter notre pays dans les détails », a-t-il continué. « On demande ‘pourquoi un tel ne prend pas position’. Il n’y a pas lieu pour prendre position (…) Je ne suis ni pour, ni contre », a-t-il ajouté, avant de préciser qu’il serait « favorable à tout accord qui préserve les intérêts et la grandeur » de l’Iran.

Quoi qu’il en soit, pour Israël, l’accord-cadre signé à Lausanne n’est pas acceptable. Et cette position donne lieu à des frictions avec la Maison Blanche. Pour M. Netyanahu, le texte « ne fait pas reculer le programme nucléaire iranien », il « maintient une large infrastructure nucléaire » et « pas une centrifugeuse ne sera détruite. »

S’agissant de la levée potentielle des sanctions économiques, le chef du gouvernement israélien estime qu’elle va « des milliards de dollars dans les caisses » de Téhéran. « Ils ne vont pas utiliser (cet argent) pour des écoles, des routes ou des hôpitaux. Ils vont s’en servir pour financer leur machine de terreur à travers le monde et leur machine militaire à l’oeuvre actuellement pour conquérir le Moyen-Orient », a-t-il dit, le 6 avril, à l’antenne de CNN. « Cela va aussi déclencher une course aux armements avec les États sunnites », a-t-il ajouté.

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