Nigeria : 9 soldats tchadiens tués lors d’une embuscade tendue par Boko Haram

Les urnes ont parlé au Nigeria : Muhammadu Buhari, 72 ans, a été élu président aux dépens de Goodluck Jonathan, lors de l’élection du 29 mars. Comment expliquer le succès de cet ancien dictateur (il avait pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’État dans les années 1980) aux méthodes pour le moins brutales? Si l’homme a changé, son discours reste le même et l’on aurait tort de sous-estimer la fierté des peuples.

Ainsi, pendant la campagne, M. Buhari il n’a pas manqué d’affirmer que l’intervention du Tchad, du Niger et du Cameroun dans le nord du pays pour combattre le groupe jihadiste Boko Haram, qui a fait allégeance à l’État islamique, était une « insulte » pour un pays qui se targue d’être la première puissance économique et militaire du continent africain.

« Je peux vous assurer que Boko Haram va vite mesurer la force de notre volonté collective et de notre engagement à débarasser la nation de la terreur et pour ramener la paix », a d’ailleurs déclaré cet ancien général lors de l’un de ses premiers discours post-électoral. De quoi rassurer le président tchadien, Idriss Déby, qui n’a pas ménagé ses critiques à l’égard du prédécesseur de M. Buhari, notamment pour le manque de coopération des forces nigérianes avec les troupes tchadiennes engagées contre le groupe jihadiste.

« Tout le monde se demande pourquoi l’armée nigériane, qui était une très grande armée, qui a résolu des crises en Afrique (…). Pourquoi n’est-elle pas en mesure de faire face à des gamins non formés, armés de kalachnikov? Cette question se pose, mais je ne peux pas vous donner la réponse », a récemment demandé le président tchadien, lors d’un entretien accordé au Point.

Le fait est, faute de coopération avec l’armée nigériane, les forces tchadiennes, engagées au Nigéria sur deux axes (l’un à partir du Cameroun, l’autre à partir du Niger), sont obligées d’abandonner des villages repris aux jihadistes… Et ces derniers en profitent pour s’y installer à nouveau. « Cela a un coût humain et matériel », a déploré M. Déby.

Et une nouvelle fois, les militaires tchadiens en ont payé le prix fort. Neuf d’entre eux ont en effet perdu la vie lors de combats avec Boko Haram, près de la ville de Malam Fatori, dans le nord-est du Nigéria, le 1er avril.

« Les éléments de la force tchado-nigérienne sont tombés sur une poche de résistance à une dizaine de kilomètres de Malam Fatori. Après d’intenses combats, les forces armées du Tchad et du Niger ont totalement nettoyé la zone », a expliqué un communiqué de l’armée tchadienne. « Le bilan s’établit comme suit : côté ami, nous déplorons 9 morts et 16 blessés. Côté ennemi, plus d’une centaine de mort et un important lot de matériel détruit » a précisé le texte. Il est toujours compliqué d’avoir une confirmation des pertes subies par les jihadistes étant donné qu’aucune autre source n’est en mesure de les corroborer.

Par ailleurs, la veille, des combattants de Boko Haram ont tenté une incursion au Niger, dans les environs de Bosso. « Ils ont été stoppés par les forces armées tchado-nigériennes qui les ont poursuivis jusqu’à leur poste de commandement », a indiqué l’état-major tchadien.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]