Nouvelle polémique sur l’avenir de l’Hôtel de la Marine

Étant donné que l' »Hexagone » (ou plus familièrement appelé le « Balardgone ») sera inauguré cette année, l’état-major de la Marine nationale quittera l’Hôtel de la Marine qu’il occupe actuellement.

Le mouvement était prévu de longue date et ce bâtiment de prestige, réalisé au XVIIIème siècle par l’architecte Jacques-Ange Gabriel fit l’objet d’un appel à projets, qui fut remporté par le promoteur Alexandre Allard, soutenu par l’ancien ministre de la Culture, Renaud Donnedieu-de-Vabres. Il était alors question, dans le cadre d’un bail emphytéotique (longue durée), de faire de l’Hôtel de la Marine une place dédiée aux métiers et au marché de l’art, avec un hôtel de grand luxe et une galerie marchande.

Seulement, cette décision suscita une forte polémique, certains intellectuels allant jusqu’à dénoncer, dans les colonnes du Monde, un projet visant à transformer l’Hôtel de la Marine en « barnum commercial ». Du coup, le gouvernement fit machine arrière et confia à une commission dirigée par l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing de trouver une solution pour l’avenir de ce site de prestige.

Cette dernière préconisa, en juillet 2011, de confier l’Hôtel de la Marine au Musée du Louvre afin d’en faire « une galerie du trésor français ». On en était resté là jusqu’à l’élection présidentielle.

Élu, le président Hollande ne remit pas en cause les recommandations de la commission. Seulement, le Musée du Louvre ayant d’autres contraintes, notamment financière, il fut décidé de confier le bâtiment aux Centre des monuments nationaux (CMN).

En septembre dernier, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, l’Élysée précisa l’objectif de rendre l’Hôtel de la Marine « accessible au plus grand nombre », en organisant un « circuit de visite qui comprendra également des espaces rappelant la présence de la Marine dans le bâtiment, ainsi que des espaces d’exposition temporaire et des espaces de médiation et de services, représentant une surface totale d’environ 4.000 m2 ». Quant aux 8.000 m2 restants, « composés pour l’essentiel de bureaux et de locaux techniques », il était question d’une « exploitation assurant la soutenabilité financière de l’opération pour les finances publiques » tout en valorisant « traditions et les savoir-faire d’excellence de la France ».

Le 20 mars, l’Élysée a de nouveau communiqué sur l’avenir de l’Hôtel de la Marine. « Au premier étage, se trouvera un espace muséal de 4000 mètres carrés. Les appartements et salons historiques de l’Hôtel de la Marine seront ouverts, pour la première fois, au public. C’est un monument historique majeur, chef d’œuvre du XVIIIe siècle, offrant l’un des plus beaux points de vue sur la Concorde, le jardin des Tuileries, la Seine et la Tour Eiffel, qui sera ainsi rendu accessible à tous. Le rez-de-chaussée du bâtiment sera conçu pour faire découvrir aux touristes étrangers et à nos compatriotes le patrimoine gastronomique français, classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO », a-t-on ainsi appris.

Fin de l’histoire? Eh bien pas vraiment… Le lendemain, l’Association des amis de l’Hôtel de la Marine a fermement critiqué cette orientation, en affirmant que l’annonce de l’Élysée « n’est en réalité qu’une vieille recette concoctée par un certain architecte et un restaurateur monégasque », à savoir Jean-Michel Wilmotte et Alain Ducasse, a précisé  Henri Josseran, le secrétaire général de l’Association.

« Ce duo avait déjà tenté de servir, il y a trois ans » ce projet « rejeté alors, tant l’idée d’un ‘palais de Dame Tartine’ dans des lieux qui ont vu naître la République et où a été signée l’Abolition de l’esclavage apparaît déplacée », a souligné l’assocation. « L’intérêt public ne doit pas être confondu avec des intérêts privés, y compris personnels, quels qu’ils soient », a-t-elle ajouté, prévenant qu’elle allait  » faire appel à l’opinion publique, comme elle l’a déjà fait en 2010 et 2011 avec succès ».

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