L’État islamique revendique l’attentat de Tunis

Vingt-quatre heures après, le bilan des victimes de l’attaque contre le musée national du Bardo, à Tunis, n’est toujours définitivement établi. Il est ainsi question d’une vingtaine de tués, notamment parmi des touristes étrangers, et plus de 40 blessés. Ce 19 mars, le président Hollande a admis qu’il y avait encore des « interrogations » sur la mort possible d’un troisième ressortissants français.

Quoi qu’il en soit, les autorités tunisiennes sont déterminées à trouver rapidement les coupables de cet attentat, le premier du genre depuis celui de Djerba, en avril 2002. Ainsi, les deux auteurs de l’attaque ont été identifiés. Selon le Premier ministre tunisien, Habib Essid, il s’agirait de Yassine Abidi, originaire du quartier Ibn Khaldoun, à Tunis, et de Hatem Khachnaoui, venant de Kasserine (ouest).

« Nous sommes en train d’approfondir les recherches. On ne peut pas dire à quelle organisation ils sont attachés », a affirmé M. Essid, sur les ondes de RTL, avant de préciser que Yassine Abidi était déjà « connu des services de sécurité ».

Quant au président tunisien, Béji Caïd Essebsi, il s’est montré plus affirmatif. « Nous savons que ce sont les extrémistes toujours, ce qu’on appelle Ansar Al-Charia, ce qu’on appelle les salafistes jihadistes », a-t-il déclaré, sur France 24.

Ansar Al-Charia est l’un des deux principaux groupes jihadistes actifs en Tunisie, avec la Phalange Okba Ibn Nafaâ, liée à al-Qaïda. Il a notamment revendiqué  l’assassinat des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmen 2013.

En outre, la présidence tunisienne a annoncé, dans un communiqué, que « les forces de sécurité avaient pu arrêter quatre éléments en relation directe avec l’opération (terroriste) et cinq autres soupçonnés d’être en relation avec cette cellule », sans donner plus de précisions sur leur identité.

On en était là quand l’État islamique (EI), qui compte dans ses rangs un important contingent de combattants tunisiens (entre 3.000 et 4.000 dont 500 seraient revenus en Tunisie), a revendiqué l’attentat contre le musée Bardo, en le qualifiant « d’attaque bénie contre l’un des foyers des infidèles en Tunisie musulmane » dans un message audio diffusé par les sites jihadistes.

Le communiqué précise que cette opération a été menée par « deux chevaliers du califat, Abou Zakaria al-Tounsi et Abou Anas al-Tounsi », qui, munis « d’armes automatiques et de bombes et sont parvenus à assiéger un groupe de ressortissants des pays croisés semant la terreur dans le coeur des infidèles ». Et l’EI de menacer : « Ce que vous avez vu, ce n’est que le début. Vous n’allez jouir ni de sécurité ni de paix, poursuit l’enregistrement. »

Les noms de guerre de deux terroristes, sous réserve que la revendication soit authentifiée, confirme leur nationalité tunisienne (« al-Tounsi »). Cet attentat est aussi le signe de la volonté de l’EI d’étendre ses activités dans le nord de l’Afrique. Il est déjà présent en Libye, où plusieurs groupes jihadistes lui ont fait allégeance.

Enfin, les liens entre des groupes jihadistes tunisiens et l’EI sont désormais avérée. L’un de chefs du mouvement tunisien Ansar al-Charia, Ahmed Rouissi, a ainsi été tué récemment près de Syrte. Il aurait été à la tête d’une unité de l’EI en Libye.

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