La Chine s’affirme sur le marché mondial de l’armement

Dans le « Cercle des poètes disparus », le professeur Keating (Robin Williams) fait monter ses élèves sur son bureau pour leur faire comprendre que le monde peut sembler différent selon l’endroit où l’on se trouve. Pour les études sur les exportations d’armes, c’est à peu près la même chose : tout dépend des modes de calcul des instituts spécialisés qui publient régulièrement des rapports sur ces questions.

Ainsi, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Chine aurait dépassé la France et l’Allemagne dans le classement des pays exportateurs d’équipements militaires et serait monté sur le podium, derrière les États-Unis (31% du marché) et la Russie (27%). Ce qui contredit, au premier abord, un rapport récemment publié par IHS Janes.

Seulement, le Sipri compare des périodes de 5 ans, afin de faire apparaître les grandes tendances du marché de l’armement. Premier point, entre 2005-09 et 2010-14, le volume des transferts internationaux de « systèmes d’armes classiques majeurs » a augmenté de 16%.

Visiblement, la Russie et la Chine en ont le plus profité. Les exportations russes et chinoises ont respectivement augmenté de 37% et de 143%. Et, dans le même temps, les ventes américaines d’équipements militaires ont progressé de 23%. En outre, les parts de marché de l’industrie allemande de l’armement se sont effondrées de 43% entre les deux périodes étudiées.

« Les États-Unis ont longtemps vu dans les exportations d’armement un outil majeur de politique étrangère et de sécurité, mais ces dernières années les exportations sont de plus en plus nécessaires pour aider l’industrie d’armement américaine à maintenir des niveaux de production tandis que les dépenses militaires vont en diminuant », a commenté le Dr Aude Fleurant, directrice du programme « Armes et dépenses militaires » du Sipri.

Sans surprise, les exportations américaines et européennes, notamment françaises et britanniques, sont soutenues par la demande des États du Conseil de coopération du Golfe, lesquels ont augmenté leurs importations d’équipements militaires de 54% entre 2005-09 et 2010-14. L’Arabie Saoudite est le principal pays importateur de la région et, si l’on en croit un récent rapport d’IHS Janes, le royaume est même passé devant l’Inde en 2014.

Quant aux industriels russes et chinois, ils se concentrent sur les pays émergents. Le Pakistan et le Bangladesh sont ainsi les principaux clients de la Chine, qui par ailleurs, a baissé ses importations d’armements de 42%. Et Pékin est devenu le fournisseur de 18 pays africains.

S’agissant des importations d’armes, l’étude du Sipri met en évidence une chute de 36% de la demande en Europe. Toutefois, « la situation en Ukraine et en Russie pourrait renverser cette tendance après 2014, entraînant plusieurs États limitrophes à augmenter leurs importations d’armes », y est-il estimé. Plusieurs pays d’Europe centrale et de l’Est ont d’ores et déjà augmenté significativement leurs dépenses militaires.

A contrario, les importations africaines d’armes ont augmenté de 45 % entre 2005-09 et 2010-14, l’Algérie faisant la course en tête, suivie par le Maroc. Quant à l’Asie, confrontée à des tensions diverses, elle compte 5 des 10 principaux pays importateurs (Inde, Chine, Pakistan, Corée du Sud, Singapour).

Animés par une croissance économique soutenue et entraînés par leurs perceptions élevées de menaces, les pays asiatiques continuent de développer leurs capacités militaires en mettant l’accent sur les moyens maritimes », a expliqué Siemon Wezeman, chercheur au programme « Armes et dépenses militaires » du Sipri. « Globalement, les pays asiatiques continuent de dépendre des importations d’armes majeures qui ont fortement augmentées et qui demeureront fortes à court terme », a-t-il conclu.

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