Incident frontalier entre la Birmanie et la Chine

birmanie-20150315Depuis février, les hostilités ont repris dans le Kokang, une région du nord-est de la Bimanie située dans le nord de l’Etat Shan, frontalier avec la province chinoise du Yunnan. Des combats y opposent en effet les rebelles indépendantistes de l’Armée de l’alliance démocratique birmane (MNDAA) aux troupes de la Tatmadaw [ndlr, armée birmane], sans que l’on en sache vraiment les causes.

Cette région riche en ressources, qui, peuplée par des descendants d’émigrés chinois, est aussi un carrefour pour les trafics en tout genre (d’où son appelation de « Triangle d’or), avait été par le passé soumise à l’influence de Pékin, qui soutenait alors une rébellion communiste. En 1989, le statut de « zone spéciale autonome » lui fut accordé.

En 2009, le pouvoir birman décida de transformer les groupes armés de la région en unité de garde-frontières. Ce qui donna lieu à de nouveaux affrontements lesquels tournèrent à l’avantage de la Tatmadaw. Et le chef de la MNDAA, Peng Jiasheng, un ancien cadre du parti communiste birman d’origine chinoise, fut évincé. Âgé aujourd’hui de 84 ans, il est donc sur le retour et il est accusé d’être à l’origine de la reprise des hostilités.

Les raisons de cette nouvelle flambée de violence dans la région sont obscures. L’on sait seulement que la rébellion, par ailleurs très bien équipée, a dénoncé une « discrimination éthnique » et a appelé les Chinois  » se rappeler leurs racines communes et à donner de l’argent pour sauver [son] peuple ».

A priori, la Chine n’est pas impliquée dans cette affaire, même si la province de Yunnan est susceptible de servir de base arrière aux insurgés. « Il est nécessaire de coopérer sur la ‘compréhension’ que les attaques terroristes sur le Myanmar [Birmanie] ne sont pas autorisées à partir du territoire chinois », a déclaré un responsable du cabinet du président birman Thein Sein.

« Nous ne permettrons pas qu’une organisation ou des individus mènent des activités qui compromettent les relations entre la Chine et la Birmanie et la stabilité des zones frontalières », a cependant répondu Hua Chunying, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

C’est donc dans ce contexte qu’un avion de la Tatmadaw a largué une bombe près de la ville de Lincang, située dans la province du Yunnan. Quatre personnes y ont laissé la vie.

« La bombe a frappé un champ de canne à sucre dans la ville de Lincang, tuant quatre personnes qui y travaillaient et en blessant neuf autres », a rapporté l’agence officielle Chine Nouvelle, ce 14 mars.

Les autorités chinoises ont immédiatement protesté auprès de leurs homologues birmanes. Et l’ambassadeur de Birmanie à Pékin a été convoqué par Liu Zhenmin, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères.

« M. Liu a enjoint les autorités birmanes à mener une enquête minutieuse (…) à punir sévèrement les auteurs (du bombardement), et à prendre des mesures efficaces pour assurer la stabilité et la sécurité des zones frontalières entre les deux pays », a fait savoir la diplomatie chinoise.

Dans le même temps, l’armée populaire de libération (APL) a renforcé ses moyens dans le secteur en y déployant plusieurs avions de combat. Selon Chine Nouvelle, leur mission est de « rechercher, surveiller, avertir et chasser les avions militaires birmans ».

« Les forces chinoises prendront des mesures pour préserver la souveraineté de l’espace aérien chinois », a prévenu un porte-parole de l’APL.

L’aviation militaire birmane dispose d’une vingtaine de MiG-29 d’origine russe mais surtout d’avions d’origine chinoise de conception très ancienne, dont des  Nanchang A-5C et au moins un Shenyang J-6 (attaque au sol) ainsi que des Chengdu F7M (supériorité aérienne). Elle compte aussi des hélicoptères Mil Mi-35P.

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