Vers un drone MALE européen de « troisième génération » à l’horizon 2025

Pendant longtemps, il a été réproché aux industriels européens de n’avoir pas su développer un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) comme l’ont fait leurs homologues américains et israéliens. Il faut dire, à leur décharge, que les tergiversations politiques n’ont pas aidé à faire émerger une filière spécifique. Car des initiatives avaient été pourtant prises et des projets lancés, comme le Talarion d’EADS (aujourd’hui Airbus) ou encore le Telemos du tandem BAE Systems et Dassault Aviation.

Du coup, et même si Piaggio et Selex viennent d’enregistrer leur première commande pour leur P.1 HH Hammerhead, les pays européens n’ont pas trop le choix. Il se résume à deux options : le MQ-9 Reaper de General Atomics ou le Heron TP israélien. Pour le moment, le constructeur américain se taille la part belle du marché puisqu’il a vendu son drone MALE au Royaume-Uni, à l’Italie, aux Pays-Bas ou encore à la France. Et il pousse ses pions en Espagne, après avoir conclu un accord avec le groupe local Sener, comme il l’avait fait avec Fokker avec l’intention de compter les forces néerlandaises parmi ses clients.

Lors de l’édition 2013 du Salon du Bourget, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait justifié le choix du MQ-9 Reaper pour l’armée de l’air en mettant en avant des considérations opérationnelles. Et il lui avait fallu trancher après des mois – si ce n’est des années – de débats et d’indécision sur le choix de l’appareil (on se rappelle des passes d’armes entre députés et sénateurs…).

Cependant, M. Le Drian avait aussi estimé qu’il fallait aussi « préparer avec les Européens le drone MALE de troisième génération », en évaluant le marché potentiel à 30 ou 40 appareils… Ce qui paraît toutefois bien peu pour disposer d’engins au meilleur prix et/ou pour assurer l’avenir d’une filière « drone » européenne.

Toutefois, dans le même temps, trois industriels européens – Airbus, Dassault Aviation et Alenia – annoncèrent leur intention commune de développer un drone MALE à l’horizon 2020.

En mai 2014, confortés par les conclusions Sommet européen de la Défense de décembre 2013, ces trois constructeurs trouvèrent un accord sur « le partage des tâches » pour « lancer le programme MALE 2020 ».

Les choses en étaient restées là jusqu’à la conférence de presse donnée le 11 mars par M. Le Drian. « Dans un autre domaine, notre effort en matière de drones de surveillance et d’ISR [Intelligence, Surveillance, Reconnaissance] devrait être accentué, avec notamment, dès cette année, le lancement des études relatives au futur drone européen, que la France envisage à l’horizon 2025 avec l’Allemagne et l’Italie », a-t-il affirmé.

« Le Salon du Bourget, au mois de juin, constituera un autre rendez-vous majeur pour nos industries de défense. Ce sera d’ailleurs un jalon important sur le chemin de la réalisation du drone européen, puisque nous signerons à cette occasion un accord de principe sur le lancement des études », a précisé, plus tard, M. Le Drian. Et selon l’agenda 2015 diffusé par le ministère de la Défense, le lancement du « marché industriel de définition » d’un drone MALE européen est prévu en décembre prochain.

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