La Suède ne veut plus de coopération militaire avec l’Arabie Saoudite

Pour certains pays européens, le cas de l’Arabie Saoudite est difficile à appréhender. Quelle politique adopter à l’égard de ce royaume, qui, bien qu’allié des puissances occidentales (il fait partie de la coalition anti-EI), est le berceau du wahhabisme, c’est à dire une vision rigoriste de l’islam qui influence bon nombre de réseaux terroristes? Qui plus est, il est régulièrement pointé du doigt sur le respect des droits de l’Homme.

Justement, Mme Margot Wallström, le ministre suédois des Affaires étrangères, devait évoquer cette question lors d’une réunion de la Ligue arabe au Caire (Égypte). Seulement, elle n’a pas pu prononcer le discours qu’elle avait préparé. Tout simplement parce que l’Arabie Saoudite n’a pas souhaité qu’elle puisse s’exprimer pour dénoncer les « méthodes moyenâgeuses » de la justice saoudienne à l’égard de Raef Badaoui, un blogueur saoudien condamné à subir 1.000 coups de fouet pour avoir « insulté » l’islam.

Au lendemain de cet incident diplomatique, la Suède a annoncé son intention de ne pas renouveler l’accord militaire qu’elle avait signé avec l »Arabie Saoudite en 2005. « Il sera rompu », a déclaré Stefan Löfven, le Premier ministre social-démocrate suédois. Cette décision aurait été toutefois prise « depuis un certain temps ». L’affaire du Caire n’a donc fait que la conforter.

La coopération militaire avec le royaume saoudien a toujours suscité la polémique en Suède. En 2012, le ministre de la Défense de l’époque, Sten Tolgfors, avait été contraint de démissionner après la révélation par la presse du « Projet Simoom », qui consistait à construire une usine d’armement en Arabie Saoudite afin d’y produire des missiles anti-chars, en partenariat avec la FOI, c’est à dire l’Agence suédoise de recherche de defense.

Quant à l’accord de coopération militaire désormais remis en question, les écologistes s’y sont toujours opposés, qualifiant l’Arabie Saoudite de dictature. L’opposition de centre-droit y est quant à elle favorable et avait appelé le gouvernement social-démocrate à prolonger cet accord afin de ne pas porter atteinte à la crédibilité du pays en tant que partenaire commecial.

« La fiabilité est importante pour un pays relativement petit comme la Suède (…) Beaucoup de ce que la Suède exporte comme technologie de pointe nécessite divers types d’engagements de long terme. Cela ne concerne pas uniquement le matériel de défense », a ainsi commenté Carl Bildt, l’ancien chef de la diplomatie suédoise. Les commandes saoudiennes d’équipements militaires auprès de Stockholm sont modestes : leur montant a été de 37 millions d’euros en 2014.

Le ministre de la Défense, Peter Hultqvist (social-démocrate) était peu ou prou sur la même ligne avant, visiblement, de mettre de l’eau dans son aquavit. « Nous avons maintenant plusieurs partis au Parlement (…) qui ont réclamé qu’il [l’accord avec l’Arabie saoudite] soit rompu. (…) Nous n’avons pas eu non plus un quelconque désaccord là-dessus au sein du gouvernement », a-t-il expliqué au quotidien Expressen, avant de préciser que Stockholm entend toutefois développer la « coopération civile » avec Riyad.

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