La Russie réaffirme son droit de déployer des armes nucléaires en Crimée

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En novembre 2014, le commandant en chef de l’Otan, le général américain Philip Breedlove, s’était inquiété du déploiement par les forces armées russes de missiles « capables d’avoir à leur portée la totalité de (la région) de la mer Noire ». Et il avait également indiqué « surveiller » de près la possible installation d’armes nucléaires.

La Russie, depuis qu’elle a annexé la Crimée en mars 2014, n’a pas caché son intention d’y renforcer ses moyens militaires, en annonçant l’installation d’une station d’alerte antimissile ainsi qu’un investissement de 1,75 milliard de dollars en faveur de sa flotte de la mer Noire, dont l’état-major est installé à Sébastopol. En outre,14 avions de combat de type Su-27 et Su-30 y ont été récemment déployés.

Depuis, une rumeur dit que Moscou aurait envoyé en Crimée des armes nucléaires tactiques. Sauf que, pour cela, il aurait fallu que les autorités russes en informent leurs homologues américaines, conformément au traité nouveau Start, en vigueur en 2010. Les États-Unis et la Russie ont en effet convenu de notifier tout mouvement de leurs armes nucléaires…

Toutefois, Moscou agite cette perspective comme un chiffon rouge. Dès mars 2014, la presse russe avait déjà évoqué l’envoi de bombardiers stratégiques TU-22M3 – à capacité nucléaire – à Simféropol, en Crimée, à l’horizon 2016.

En décembre, son chef, Sergueï Lavrov, avait affirmé que, étant donné que la Crimée était désormais un territoire russe, elle pouvait très bien accueillir des armes nucléaires. Et, qu’ainsi, rien ne lui interdisait de le faire.

Ce qu’a une nouvelle fois affirmé, ce 11 mars, Mikhaïl Oulianov, un responsable du ministère russe des Affaires étrangères. « La Russie a bien sûr le droit de déployer des armes nucléaires dans n’importe quelle région de son territoire, si elle le juge nécessaire. Je ne sais pas s’il y a des armes nucléaires en Crimée, ni s’il est prévu d’en déployer, mais nous considérons que nous avons le droit de le faire. Kiev est sans doute d’un avis opposé », a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse.

Rédacteur en chef du journal « Défense nationale », proche du Kremlin, Igor Korotchenko a évoqué cette hypothèse, d’après le Journal du Dimanche. « Si l’Otan crée une base de défense antimissiles en Roumanie ou si la présence de vaisseaux militaires américains en mer Noire se fait permanente, il est évident que nous réagirons. Le déploiement d’armes nucléaires tactiques en Crimée est une réponse possible », a-t-il estimé.

Or, il se trouve que des missiles intercepteurs du bouclier antimissile seront installés à Deveselu, en Roumanie et que des navires de l’Otan naviguent régulièrement dans les eaux de la mer Noire, notamment pour participer à des exercices avec les forces navales des pays riverains, par ailleurs membres de l’Alliance atlantique. C’est d’ailleurs actuellement le cas, avec le Standing NRF Maritime Group 2 (SNMG-2), composé du croiseur USS Vicksburg, des frégates HMCS Fredericton (Canada), TCG Turgutreis (Turquie), ITS Aliseo (Italie) et RNS Regina Maria ainsi que du ravitailleur allemand FGS Spessart.

Photo :  Topol-M » by Vitaly V. Kuzmin – Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia

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