L’assassin de deux gendarmes condamné à une peine de réclusion criminelle à perpétuité

Le 17 juin 2012, l’adjudant Alicia Champlon et le maréchal des logis chef Audrey Bertaut, deux femmes gendarmes appelées pour un cambriolage et une autre tentative de vol, se rendent au domicile du voleur présumé, Abdallah Boumezaar, à Collobrières, près de Toulon. Ce dernier vit avec Inès Farhat, sa compagne.

Seulement, l’intervention va virer au drame. Récemment sorti de prison, Abdallah Boumezaar réussit à subtiliser l’arme de service du MCH Bertaut tandis que l’adjudant Champlon tente de dégager sa collègue.

Il n’aura aucune pitié : il tire à bout portant sur Audrey Bertaut avant de poursuivre et de tuer Alicia Champlon. Plus tard, Abdallah Boumezaar sera arrêté avec sa compagne. Son procès, ainsi que celui d’Inès Farhat, accusée de complicité de meurtre, s’est tenu du 9 au 20 février devant la cour d’assise du Var.

Les compte-rendus des audiences, suivies minute par minute par Var Matin, ont permis d’en savoir plus sur les circonstances de la mort de deux sous-officiers.

Victime d’un cambriolage ce 17 juin fatal, Nabil, habitant de Collobrières, se trouve au bas de l’appartement occupé par Boumezaar et Farhat quand il entend des cris. Il monte les escaliers et voit l’accusé en train de donner des coups violents à Audrey Bertaut afin de lui prendre son arme pendant qu’Alicia Champlon tente de dégager sa collègue.

Ce témoin frappe alors Boumezaar, qui réussit cependant à extraire l’arme qu’il convoitait. Venu accompagner Nabil ce jour-là, Hakim était aussi présent sur les lieux. Appelé à témoigner grâce à un mandat d’amener, il a raconté avoir vu l’accusé l’arme à la main. « Il était en transe, il tremblait, il visait la tête » d’Audrey Bertaut, alors au sol. « Elle a fermé les yeux et a mis les mains sur son visage. Au moment où il a tiré, j’ai tourné la tête », a-t-il dit.

Quant à Alicia Champlon, elle est alors « sonnée ». Hakim raconte encore : « Elle avait du sang sur le visage, sa matraque à côté de son épaule gauche. Elle était sur les coudes pour essayer de se relever. Elle m’a demandé de l’aider. Mon premier réflexe a été de la tirer par les pieds. Je l’ai aidée à se relever dans le couloir. Elle m’a dit ‘je dois aider ma copine, aidez-moi' ».

Seulement, il est trop tard. L’adjudant Champlon est alors poursuivi par Boumezaar, qui, là encore, ne lui laissera aucune chance de s’en sortir. Deux séries de coups de feu sont tirées. Un expert en balistique témoigne : déjà blessé par deux tirs, le sous-officier a été abattu « de trois balles supplémentaires, selon plusieurs angles dans la tête, à bout portant contre un mur ».

À l’issue des audiences, qui se sont déroulées parfois dans un climat tendu (le frère de l’accusée a même été condamné à 4 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Draguignan pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique), le ministère public a requis une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie de 30 ans de sûreté pour Abdallah Boumezaar et 15 ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Inès Farhat pour complicité dans l’un des deux homocides.

Le verdict est tombé dans la soirée du 20 février. La cour a ainsi suivi à la lettre les réquisitions de l’avocat général concernant Boumezaar. Ce dernier a donc été condamné à la perpétuité assortie de 30 ans de sûreté. En revanche, elle a été plus clémente pour Inès Farhat, qui a écopé d’une peine de 8 ans de prison. A priori, les avocats des condamnés ne devraient pas faire appel.

« Deux accusés sont entrés dans le box. Deux coupables en sont ressorti. La justice a fait son oeuvre. On ne commente pas une décision de justice, mais vous comprendrez  que ce soir, la communauté des gendarmes a vu la justice faire son oeuvre. Il faut que cette page se tourne », a commenté le général David Galtier, le patron des  gendarmes de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

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