L’interception d’un bombardier russe vue par son équipage

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À nouveau, le 18 février, deux avions Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force (RAF) ont dû décoller en urgence pour aller intercepter deux bombardiers stratégiques TU-95 « Bear » russes qui volaient « près » des côtes britanniques, au large de la Cornouailles.

« Les avions russes ont été escortés par la RAF jusqu’à ce qu’ils soient hors de la zone d’intérêt au Royaume-Uni. À aucun moment, l’avion militaire russe n’a pénétré dans l’espace aérien britannique », a précisé un porte-parole du ministère de la Défense (MoD).

Deux jours plus tôt, une frégate russe Yaroslav Mudry, de la classe Neustrashimyy, a été escortée pendant un temps par la frégate HMS Argyll de la Royal Navy alors qu’elle naviguait en Manche, à proximité des côtes britanniques et françaises.

« Conformément à l’accord par lequel les nations de l’Otan coopèrent pour surveiller l’activité, la Royal Navy a pris la suite de la surveillance française et envoyé un navire de la Fleet Ready Escort, maintenu à un haut degré de préparation pour intervenir dans les eaux britanniques », a expliqué Londres.

Ces interventions de ce genre ne sont pas inédites mais elles tendent à devenir de plus en plus fréquentes depuis le début du conflit ukrainien. Il s’agit ainsi pour les forces russes de tester les défenses des États membres de l’Otan et des pays scandinaves, comme la Finlande et la Suède (qui ne font pas partie de l’Alliance atlantique).

Comme cela a été le cas le 28 janvier dernier, où deux TU-95 « Bear » ont été interceptés par des Typhoon de la RAF et des avions de l’armée de l’Air française alors qu’ils volaient au-dessus de la Manche, sans avoir déposé de plan de vol et en ayant coupé leur transpondeur.

Deux Mirage 2000-5 ont ainsi décollé de Lann-Bihoué, où ils assuraient la permanence opérationnelle (PO), pour accompagner les bombardiers russes. Ces derniers ont ensuite été pris en charge par un Rafale de l’escadron 1/91 Gascogne ayant reçu un « alpha scramble » à Creil.

Les Britanniques ont réagi en convoquant l’ambassadeur russe à Londres pour avoir des explications. En France, cet incident n’a pas donné lieu à de commentaires particulier. Si la RAF a communiqué sur l’intervention de ses avions, l’armée de l’Air a été plus discrète. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a quant à lui évoqué une « présence intempestive » des bombardiers russes. « Nous leur avons fait savoir que nous les avions vus et qu’il était souhaitable qu’ils se retirent. C’est ce qu’ils ont fait », a-t-il dit, le 8 février.

Côté russe, la présence des TU-95 « Bear » en Manche a été confirmée, de même que leur interception par des avions britanniques et français, dans un article publié par Sputnik News. Mieux même : une vidéo filmée par l’un des équipages et diffusée par la portail russe d’information tvZvezda.ru via Youtube montre des Eurofighter Typhoon ainsi qu’un Mirage 2000 du groupe de chasse 1/2 Cigognes évoluer à proximité de leur appareil, probablement lors de l’incident en question.

L’animateur de la page Facebook du 1/2 « Cigognes » précise, au sujet de ce document, que « notre avion est reparti après identification puisque le Tu-95 était en espace aérien international ». Et d’ajouter : « Tout est affaire de posture, chacun s’en tient à son rôle, entre professionnels ».

Sur son site, tvZvezda.ru a également diffusé une autre vidéo d’une mission menée par les TU-95 « Bear ». L’on peut y voir l’équipage aux commandes ainsi que des Typhoon britanniques. Il n’est pas précisé s’il s’agit de l’interception du 28 janvier.

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