L’armée afghane a lancé une opération préventive contre les insurgés dans le sud

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L’année 2015 sera cruciale pour l’Afghanistan. Étant donné que la mission de combat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) est terminée, l’armée nationale afghane ne peut plus compter que sur elle-même pour combattre les taliban et leurs alliés. Et cela même si l’Otan a maintenu  dans le pays environ 12.000 militaires – essentiellement américains – pour des mission de formation et de soutien dans le cadre de l’opération Resolute Support.

Aussi, l’état-major afghan n’a pas attendu la traditionnelle offensive de printemps du mouvement taleb pour passer à l’action. Le 16 février, il a lancé une opération « préventive » dans 4 districts de la province du Helmand, un bastion des insurgés, ainsi que dans 6 autres appartenant à celles, voisines, de Kandahar, Farah et d’Oruzgan.

Il s’agit ainsi d’anticiper les prochaines attaques des taliban, lesquels seraient déjà en train de se rassembler en vue de leur offensive de printemps. Cette dernière pourrait commencer plus tôt que d’habitude en raison d’un hiver relativement doux et être encore plus intense que les années passées en raison du retrait de l’ISAF.

« Cette opération est entièrement organisée et exécutée par l’armée afghane », a insisté le général Abdul Khaliq, commandant des troupes afghanes dans le secteur visé. « Nous avons rassemblé suffisamment de personnel et de soutien aérien. Si Dieu le veut, les terroristes n’auront aucune chance contre nous. Ils seront punis », a-t-il ajouté.

Justement, ce « soutien aérien » évoqué par le général Khaliq était jusqu’à présent assuré par les avions de l’Otan. Or, pour ce qui est de l’appui des forces terrestres, l’aviation afghane est démunie. Tout au plus peut-elle engager des hélicoptères Mil-Mi 17 de facture russe, lesquels ont une capacité de frappe. Les avions d’attaque au sol Embraer EMB 314 promis devraient être théoriquement livrés en avril 2015.

Le ministère afghan de la Défense a précisé que cette opération dans le sud du pays a été appelé « Zolfiqar », du nom de l’épée d’Ali, l’un des premiers fidèles de Mahomet. Elle « n’est que la première phase d’une vaste offensive de l’armée », a-t-il indiqué.

« Ce n’est pas la première et cela ne sera pas la dernière opération contre les taliban et leurs alliés », a affirmé le général Dawlat Waziri, un porte-parole du ministère. « Nous avons besoin et nous aurons le soutien de nos alliés. Et les insurgés devraient savoir que les forces afghanes sont sur le pied de guerre et prêtes », a-t-il ajouté.

À vrai dire, les forces afghanes étaient en première ligne bien avant la fin de la mission de combat de l’ISAF. Et cela se ressent dans le bilan des pertes subies en 2014. Ces dernières ont perdu autant d’hommes en une année que la force de l’Otan en 13 ans de présence, avec plus de 5.000 soldats et policiers afghans tués dans les combats l’an passé.

Le nombre de victimes civiles a également augmenté de manière significative. Selon les chiffres avancés par la mission des Nations unies en Afghanistan (Unama), une hausse de 22% a été constatée en 2014.

Ainsi, l’on compte 3.699 tués (dont 714 enfants et 298 femmes) et 6.849 blessés parmi les civils. Jamais un tel niveau a été atteint depuis 2009, année à partir de laquelle ces bilans ont commencé à être établis.

Pour l’Unama, les combats au sol entre forces afghanes et insurgés sont la première cause de mortalité ou de blessures chez les civils (34%), devant les bombes artisanales (28%). Comme les années précédentes, les insugés seraient responsables de 72% des victimes, loin devant les forces gouvernementales (14%). Enfin, aucune responsabilité n’a pu être attribuée dans 10% des cas.

Dans le même temps, le président afghan, Ashraf Ghani, qui peine à former un gouvernement, a appelé le mouvement taleb à des négociations de paix. La Chine, qui est un acteur économique important en Afghanistan, en particulier dans le secteur minier, a fait savoir qu’elle était prête à jouer les intermédiaires. Du moins, c’est ce qu’a affirmé, la semaine passée, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, depuis… le Pakistan, où sont installés les principaux responsables taliban afghans.

D’ailleurs, la Chine, proche alliée du Pakistan, joue déjà cette partition depuis quelques semaines. Une délégation du mouvement taleb afghan s’y est récemment rendue sans que l’on en sache les vraies raisons. D’après l’agence Pajhwok, ce déplacement aurait été organisé par l’ISI, le puissant service de renseignement pakistanais.

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