M. Hollande annonce une « expérimentation » du service militaire adapté en métropole

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Même avant les attentats des 7 et 9 janvier, il était déjà beaucoup question de remettre au goût du jour un service national, avec une forte implication des armées. Du moins, cela fut proposé par certains responsables politiques.

Puis, le président Hollande a évoqué, lors de ses voeux du 31 décembre, l’idée d’un « service civique élargi » non rémunéré afin de favoriser la cohésion nationale. La question de le rendre obligatoire a même été avancée ces derniers jours. Mais pour cela, selon le chef de l’État, « le peuple devrait être consulté ».

Cela étant, on voit mal comment un service civique obligatoire, par ailleurs non rémunéré – pourrait être institué. Notamment en raison des problèmes d’hébergement, de prises en charge et… des missions qui seraient confiées aux jeunes concernés. Car les armées ne seraient que peu impliquées dans ce dispositif, étant attendu qu’il ne s’agit pas de rétablir une forme de service militaire.

Quoi qu’il en soit, lors de sa conférence de presse semestrielle, le président Hollande a déclaré que « tout jeune qui se présentera à partir du 1er juin de cette année pourra faire un service civique, ce qui va supposer de mettre toutes les collectivités, toutes les associations, tous les ministères en capacité de proposer 150.000 ou 160.000 missions dans un délai particulièrement court, enfin qui peut s’étaler sur plusieurs mois ».

Pour autant, les armées auront quand même un rôle à jouer… mais dans l’insertion des jeunes gens. En effet, le chef de l’État a également annoncé sa décision « qu’il y aurait également une expérimentation en métropole » du Service militaire adapté (SMA). « Il y aura trois centres qui seront créés, nous verrons les lieux où nous pouvons les disposer, pour que nous puissions en tirer tous les enseignements et avoir les mêmes résultats », a-t-il ajouté.

Le SMA s’adresse aux jeunes ultramarins âgés de 18 à 25 ans. Ce dispositif militaire d’insertion socio-professionnelle relève du ministère des Outremer. Tous les cadres sont détachés du ministère de la Défense.

Chaque année, 5.000 jeunes ultramarins effectuent un service militaire adapté, dont 60% n’ont aucun diplôme et 30% sont illettrés. À l’issue de leur période, 83% obtiennent un certificat de formation générale et 70% sont titulaires du permis de conduire. Et, surtout, 3/4 d’entre eux ont un emploi.

Le SMA s’appuie sur 8 implantations, dont une en métropole, à Périgueux. En 2013, son budget s’est élevé à plus de 210 millions d’euros, pris en charge par le ministère de l’Outre-Mer.

Qu’en sera-t-il des trois centres qui feront l’objet d’une « expérimentation »? Pour les armées, il s’agira avant tout d’une question d’effectifs (prélevés sur les 7.500 postes ont été maintenus?)… Et, bien évidemment, étant donné qu’il ne concernera plus exclusivement l’outre-Mer, on voit mal le ministère actuellement dirigé par George Pau-Langevin être sollicité pour financer ces nouvelles implantations.

Justement, Mme Pau-Langevin, rapporte la 1ère, s’était dit sceptique sur une extension du SMA à la métropole… il y a à peine deux jours! « Les responsables gouvernementaux sont actuellement en train de regarder si cela est transposable en métropole », avait-elle affirmé. « Le SMA est un encadrement étroit et élaboré. Il est coûteux et donc difficilement transposable en l’état. Par ailleurs, nous ne voulons pas partager nos cadres et nos moyens, il faut garder cet outil pour les Outre-Mer », avait-elle plaidé. Et de conclure : « Que l’on mette en place en métropole quelque chose de similaire au SMA, d’accord. Mais pas notre outil, pas avec nos crédits! »

Ce scepticisme est aussi partagé par le général Philippe Loiacono, le commandant du SMA. « Depuis les attentats, on a fait appel à nous pour avoir notre expertise et expliquer la réussite du SMA Outre-Mer. Mais ce dispositif s’adresse à un profil de jeunes en particulier, ceux des Outre-Mer. J’entends bien les impératifs de cohésion nationale, de transmissions de valeurs républicaines, le SMA fait cela, mais il existe d’autres systèmes à commencer par l’école, qui, elle, est obligatoire et transmet ces valeurs », a-t-il confié à La1ère.

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