L’administration américaine envisage de livrer des armes « défensives » à l’Ukraine

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Depuis le 15 janvier et le lancement d’une offenvise des séparatistes pro-russes contre les positions tenues par les forces gouvernementales ukrainiennes sur le site de l’aéroport de Donetsk, les combats ne baissent pas d’intensité dans le Donbass, une région qui couvre le sud-est de l’Ukraine. Quant aux pourparlers de paix, ils restent dans l’impasse.

Ces derniers jours, les séparatistes ont porté leur attention sur la ville de Debaltseve, obligeant Kiev à en évacuer les habitants. Située sur la route reliant Donetsk à Louhansk, cette localité est stratégique pour les rebelles, dont un des responsables, Alexandre Zakhartchenko, entend mobiliser jusqu’à 100.000 hommes pour combattre les forces gouvernementales ukrainiennes.

Ces dernières, mal équipées, sont en grande difficulté. Selon le général Ben Hodges, le chef de l’US Army en Europe, il leur est « très difficile de parvenir à utiliser des radios, des téléphones et d’autres moyens de communication non sécurisés parce que leurs opposants ont une exceptionnelle capacité de brouillage ». Et d’expliquer : « Même si vous pouvez déterminer d’où viennent les tirs de mortier ou de roquettes, faire quelque chose contre eux est très difficile si vous ne pouvez pas communiquer ».

En outre, les forces gouvernementales « ont subi de lourdes pertes occasionnées par de l’artillerie lourde et des roquettes », a poursuivi le général Hodges. « Ces attaques ont aussi mis à rude épreuve le personnel de santé militaire, qui fournit des soins de qualité, mais n’a pas les effectifs suffisants pour faire face à l’afflux de blessés », a-t-il ajouté.

Même si elle s’en défend, la Russie est accusée de fournir des armes et du matériel aux séparatistes pro-russes. Ces derniers diposent en effet d’équipements qui ne sont pas tombés du ciel (il est question de chars T-72, de lance-roquettes multiples, etc). Et, visiblement, ils savent s’en servir.

Pour le président américain, Barack Obama, il est clair que les rebelles sont « équipés par la Russie, financés par la Russie, entraînés par la Russie et aidés par les troupes russes ». Aussi, l’idée de livrer des armes aux forces ukrainiennes fait son chemin.

En décembre, le Congrès américain avait autorisé une telle mesure, avec une enveloppe de 350 millions de dollars étalés sur 3 ans, dans le cadre d’une loi que le chef de la Maison Blanche était réticent à promulguer afin de ne pas tenter la Russie de faire monter les enchères sur le soutien apporté aux rebelles. Mais comme cette approche n’a pas marché, que les sanctions économiques n’ont pas eu les effets espérés (quand elles n’ont pas eu l’effet inverse…), l’administration Obama envisage désormais la livraison d’armes « défensives » à l’Ukraine, selon le New York Times.

Jusqu’à présent, les États-Unis ont livré à Kiev des gillets pare-balles ainsi que des radars pour détecter les tirs de mortier et du matériel médical. En outre, il est aussi prévu des sessions de formation à l’intention des forces ukraniennes, afin, par exemple, d’apprendre à éviter le brouillage des communications.

D’après le New York Times, un rapport qui sera remis ce 2 février devrait préconiser d’envoyer à Kiev pour 3 milliards de dollars de matériels militaires, dont des drones de reconnaissance, des véhicules Humvee, des radars et des missiles antichars.

A priori, John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, s’est dit ouvert à un débat sur ce sujet. Même chose pour le général Martin Dempsey, le chef d’état-major interarmées et Susan Rice, la conseillère nationale à la sécurité de M. Obama. « Bien que nous restions concentrés sur la recherche d’une solution par les moyens diplomatiques, nous évaluons sans cesse d’autres options afin de créer un espace pour une solution négociée de la crise », a déclaré Bernadette Meehan, la porte-parole de cette dernière.

Quant à la France, il n’est, pour l’heure, pas question d’emprunter cette voie, Paris n’ayant seulement consenti à envoyer à Kiev des gillets pare-balles, du fret médical et humanitaire ainsi que quelques experts, notamment an matière de détection d’engins explosifs improvisés. Dans les colonnes du quotidien Libération (édition du 31 janvier), Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin, n’est pas hostile à l’idée de livrer des armes à l’Ukraine.

« Notre rôle n’est pas d’attiser le conflit et de devenir cobélligérants indirects mais une mesure comme la fourniture de matériel militaire ne me choque pas si elle s’insère dans un plan de paix global et une vision d’avenir des relations de l’Union européenne avec la Russie. Dans un tel cadre, aider les autorités légales à se défendre est une mesure conservatoire et un moyen de rétablir le rapport de forces sur le terrain afin de contraindre la Russie à un compromis sans pour autant l’humilier », a-t-il expliqué.

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