Des chars Leclerc et des VBCI annoncés en Pologne
Alors que les combats se poursuivaient dans l’est de l’Ukraine entre les forces gouvernementales et les séparatistes pro-russes et que ces derniers menaçaient d’élargir leur offensive en cas d’échec des pourparlers de paix, la France et la Pologne ont appelé Moscou, le 30 janvier, « à contribuer à une solution politique » et à « mettre fin à toute forme de soutien » aux rebelles.
Cette déclaration commune [.pdf] a été faite à l’issue d’une réunion intergouvernementale franco-polonaise organisée à Paris. Dans le texte de leur déclaration commune, les deux pays estiment que le « conflit en Ukraine constitue une menace substantielle pour la sécurité et la stabilité européenne » et que son « escalade porte atteinte aux principes de sécurité et de coopération auxquels nous avons tous souscrit dans le cadre du Processus d’Helsinki ».
En outre, Paris et Varsovie ont convenu de « continuer à soutenir les autorités ukrainiennes sur la voie des réformes, afin de favoriser la modernisation de l’Etat ukrainien, la convergence avec l’UE [Union européenne], notamment à travers la mise en œuvre des dispositions de l’accord d’association / zone de libre échange approfondie et complète (AA/DCFTA), ainsi que l’amélioration des conditions de vie du peuple ukrainien ».
En matière de défense, la France et la Pologne ont affirmé leur intention de « renforcer leur partenariat stratégique en vue de consolider l’autonomie stratégique à long terme de l’Europe » ainsi que leur volonté de travailler « en étroite concertation pour préparer les étapes majeures que sont le Conseil européen des 25 et 26 juin 2015 consacré à la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) ainsi que le sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) à Varsovie, en 2016 ».
Justement, au sujet de l’Otan, Paris et Varsovie ont aussi exprimé leur détermination à « oeuvrer en faveur » d’une application « intégrale et rapide des décisions adoptées » lors du sommet de l’Alliance atlantique de Newport, en septembre 2014, en particulier pour ce qui concerne le « Plan d’action Réactivité ».
« Continuer à appliquer les mesures de réassurance, liées au renforcement du Flanc oriental de l’Europe, demeure crucial pour la solidarité de l’Alliance », affirme la déclaration commune.
Dans le cadre des mesures de « réassurances » décidées par l’Otan en faveur des pays baltes et de la Pologne, inquiets de l’attitude russe après l’annexion de la Crimée et du rôle prêté à Moscou dans l’est de l’Ukraine, la France avait déployé dans la région, l’an passé, des moyens militaires, dont des Rafale et des Mirage 2000-5. Un E3F AWACS avait également été régulièrement sollicité.
En novembre dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait évoqué l’envoi, en Pologne, d’une « unité de blindés », après une rencontre avec son homologue polonais. La déclaration du 30 janvier donne des précisions sur ce que sera ce nouvel engagement.
« Les efforts de la France couvriront un large éventail de forces : terrestres, maritimes, aériennes et spéciales. En particulier, la France déploiera des chars Leclerc avec des véhicules blindés VBCI pendant deux mois et participera à un certain nombre d’exercices de l’OTAN en Pologne. La Pologne se félicite vivement de cet engagement et se réjouit de poursuivre cette fructueuse coopération à l’avenir », est-il écrit.
Aucune date pour ce déploiement de chars Leclerc et de Véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) n’a été avancée. Le calendrier prévisionnel de l’armée de Terre pour le 1er semestre 2015 n’en fait pas mention.
Quoi qu’il en soit, les manoeuvres impliquant des chars lourds vont revenir à la mode. L’an passé, dans le cadre de l’exercice Black Eagle, la British Army engagea, en Pologne, 20 Challenger 2 du King’s Royal Hussars et des véhicules blindés Warrior tandis que les forces terrestres polonaises mobilisèrent 56 Leopard 2. Ce qui avait fait dire au ministère britannique de la Défense (MoD) qu’il s’était agi du « plus grand déploiement de blindés en Europe de l’Est depuis 6 ans ».