Selon M. Poutine, les exportations russes d’équipements militaires ont dépassé les 15 milliards de dollars en 2014
Les sanctions qui visent Moscou pour le rôle qui lui est prêté en Ukraine et l’annexion de la Crimée n’ont apparemment pas eu d’impact sur les exportations d’équipements militaires russes en 2014.
« Le montant total des ventes a dépassé 15 milliards de dollars, et des contrats ont été signés pour presque 14 milliards de dollars », a ainsi affirmé, le 27 janvier, Vladimir Poutine, le président russe. Ce dernier s’exprimait lors d’une réunion de la commission pour la coopération militaro-technique (CMT).
« Les exportations de produits militaires high-tech sont importantes pour la Russie, surtout dans le contexte géopolitique difficile que l’on connaît. C’est important pour moderniser la production du secteur de la défense (…) et pour régler beaucoup de problèmes sociaux », aurait encore affirmé M. Poutine, selon Reuters.
Cela étant, le chiffre avancé par le chef du Kremlin est stable par rapport à 2013, où les exportions russes avaient atteint 15.3 milliards de dollars.
Ce résultat est conforme aux prévisions. « Le chiffre réel est compris entre 14 et 15 milliards de dollars. La Russie exporte de manière stable. Je pense qu’il n’y aura pas de croissance en 2014 et en 2015, à moins qu’un très gros contrat ponctuel avec l’Inde ne modifie la donne », avait indiqué Igor Korotchenko, le directeur du centre d’analyse russe du commerce mondial des armes, dans les colonnes du Figaro.
Justement, l’Inde fait l’objet d’une attention particulière pour Moscou. Déjà gros client de l’industrie de l’armement russe (avec la Chine), ce pays négocie l’achat de 126 avions de combat Rafale depuis janvier 2012, ce qui régulièrement critiqué sur par des responsables et certains organes de presse russes, et se tourne davantage vers les États-Unis pour moderniser ses forces armées.
Aussi, le président Poutine y a fait une allusion indirecte, non sans habileté.. « La Russie est l’unique pays que l’Inde pourrait caractériser de partenaire stratégique dans le domaine de la CMT. Parce que la Russie ne pose pas les conditions dans lesquelles des engagements contractuels pourraient être arrêtés sous le prétexte de force majeure. Ainsi en 1998 les Etats-Unis ont imposé des sanctions à la fourniture d’armes à l’Inde à cause des essais nucléaires qui y étaient menés. Il est évident que la situation peut se répéter à tout instant si la politique de l’Inde ne satisfait pas Washington », s’est-il plu à souligner, rapporte SputnikNews (ex-Voix de la Russie).
Et, M. Poutine n’a pas non plus manqué de vanter la réputation russe de « partenaire fiable et prévisible, qui ne conditionne pas le respect de ses engagements à des préférences passagères ou à la conjoncture politique ». Voilà une pierre dans la jardin de Paris, qui a suspendu, jusqu’à nouvel ordre, la livraison du premier des deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral commandés en 2011 par Moscou.
Cet argument qui consiste à dire que la réputation de la France serait mise à mal à cause de la non-livraison des Mistral est répété à l’envi par les autorités russes et ceux qui les soutiennent. Mais il n’est pas forcément le plus pertinent. Comme l’explique, à chaque fois qu’il en a l’occasion, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, en matière de vente d’armes à l’étranger, il importe avant tout « de privilégier le dialogue politique et stratégique afin d’inscrire les accords commerciaux dans une relation plus globale marquée par une confiance réciproque ».
D’ailleurs, si les sanctions prises contre Moscou n’ont pas eu d’incidence sur ses exportations d’armes, l’affaire des Mistral n’a pas non plus porté atteinte aux ventes françaises : en décembre dernier, M. Le Drian a ainsi indiqué que leur montant avait encore augmenté en 2014.