La branche libyenne de l’État islamique frappe à Tripoli

tripoli-20150128

Il est acquis que l’État islamique (EI ou Daesh) dispose de relais en Libye. Ainsi, en octobre 2014, la milice du Conseil consultatif de la jeunesse islamique (MCCI pour Majilis Choura Chabab al-Islam) de Derna (est) a prêté allégeance à Abou  Bakr al-Baghdadi, le chef de cette organisation essentiellement implantée en Syrie et en Irak.

En décembre dernier, le général David Rodriguez, le patron de l’US AFRICOM, le commandement militaire américain pour l’Afrique, indiquait que l’EI disposait de « camps d’entraînement dans l’est de la Libye ». Et d’ajouter qu’il s’agissait d’un « phénomène naissant ».

Plus tard, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait dit voir « apparaître aujourd’hui des points de connexion entre Daesh et des groupes qui se réclamaient jusqu’à présent d’al-Qaida dans la zone sahélo-saharienne, notamment à Derna, en Libye, où Daech essaie de prendre la main. Le creuset de cette connexion est en Libye ».

Aussi, il n’est guère étonnant de voir la branche libyenne de l’État islamique revendiquer des attentats, comme elle l’a encore fait le 27 janvier. Ainsi, ce jour-là, trois hommes armés ont attaqué l’hôtel Corinthia, qui, à Tripoli, est connu pour accueillir des diplomates, des responsables libyens et des étrangers.

L’assaut a commencé par l’explosion d’une voiture piégée afin de forcer le cordon de sécurité de l’établissement. Puis les assaillants sont entrés dans l’hôtel, poursuivis par les forces de sécurité relevant de la milice Fajr Libya, qui soutient le gouvernement autoproclamé établi à Tripoli, lequel est non reconnu par la communauté internationale.

Les trois hommes se sont alors retranchés au 24e étage de l’hôtel, qui est normalement réservé à la mission diplomatique du Qatar. L’attaque a pris fin quand ils ont actionné les ceintures d’explosifs qu’ils portaient sur eux. Le bilan est de 9 tués, dont 5 ressortissants étrangers (un pilote français de la compagnie Buraq Air, un Américain, deux Philippins et un Sud-Coréen).

L’attentat a été immédiatement été revendiqué par la branche libyenne de l’EI. Selon cette dernière, elle a été appelée « Raid Abou Anas al-Libi », en référence au nom du terroriste du même nom interpellé à Tripoli par les forces spéciales américaines en octobre 2013 et mort en détention le 2 janvier dernier des suites d’une maladie. Il était recherché par Washington pour sa participation aux attentats de Nairobi et de Daar es Salam commis en 1998.

L’objectif final des assaillants reste toutefois à préciser étant donné que le chef du gouvernement de « salut public » autoproclamé en Libye, Omar al-Hassi, se trouvait dans l’hôtel au moment de l’attaque. D’ailleurs, la milice Fajr Libya a accusé les forces du général Khalifa Haftar, qui soutient le gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, d’être responsables de cet attentat. La ficelle est tout de même grosse.

Quoi qu’il en soit, l’attentat contre l’hôtel Corinthia est au moins le quatrième revendiqué par la branche libyenne de l’EI en l’espace de quelques semaines, le dernier en date ayant visé l’ambassade d’Algérie, le 17 janvier, et fait 3 blessés.

Photo : Vue de l’attaque – capture d’écran

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]