Nexter et Krauss-Maffei Wegmann vont plancher sur le successeur des chars Leclerc et Leopard-2

En juillet 2014, les deux spécialistes de l’armement terrestre, le français Nexter et l’allemand Krauss-Maffei Wegmann, ont annoncé leur rapprochement, via la création d’une société holding conjointe dont le siège sera installé aux Pays-Bas.

Cette opération, appelée KANT (Krauss And Nexter Together), doit permettre notamment à l’un et l’autre de mieux faire face à une concurrence de plus en plus forte et de créer des synergies en matière de recherche et de développement. Justement, Philippe Burtin et Frank Haun, les Pdg de Nexter de Krauss-Maffei Wegmann, ont évoqué ce dernier point lors d’une audition devant la commission de la Défense nationale et des Forces armées, à l’Assemblée nationale, le 14 janvier dernier.

« Parmi les nouveaux armements que nous développerons, trois secteurs me semblent particulièrement prometteurs : l’artillerie entièrement automatisée, les munitions intelligentes et les armements lasers », a ainsi affirmé M. Haun, en répondant à une question du député Gwendal Rouillard. Et selon lui, ce sont « de domaines dans lesquels les Américains ont du souci à se faire! »… Ce qui restera à démontrer, les États-Unis ayant par exemple pris une certaine avance dans les armes laser…

Mais ce n’est pas tout. Outre ces domaines, il y en a un autre qui semble particulièrement « important » aux yeux de ces deux dirigeants : celui des chars lourds.

« On nous interroge souvent sur nos projets de développement en commun de nouveaux matériels. Le plus important, c’est la prochaine génération de chars lourds », a en effet affirmé Frank Haun. Et, en la matière, les programmes dans ce domaine ne manquent pas dans le monde (sauf chez les Occidentaux), avec par exemple le T-90 russe, le Type-10 japonais, l’Altay T1 turc, l’Arjun indien, etc.

« Dans le monde occidental, nous sommes ainsi les seuls producteurs de chars lourds de combat modernes : 18 États ont ainsi acheté notre char Léopard 2 », a ainsi souligné le patron de KMW. Ce qui n’est plus le cas de Nexter, qui a arrêté la production du Leclerc.

« Dans cinq ans, nous aurons avancé dans le processus de développement d’un nouveau char lourd – qu’il s’appelle Léopard 3, Leléo ou Léoclerc, peu importe : il sera développé en commun, et pourra commencer à équiper nos forces à l’horizon 2025-2030 pour remplacer les chars Leclerc et Léopard 2 dont la base technologique commence à dater », a en outre fait valoir Frank Haun.

Et d’ajouter : « Renouveler ces matériels est indispensable : d’ailleurs, les Russes ne s’y trompent pas, et leurs travaux de développement en la matière avancent à plein régime. Pour ce faire, Nexter possède des technologies très intéressantes pour KMW, et vice-versa ».

Alors, quelles pourraient-être les qualités de « Leléo » ou « Léoclerc »? L’on peut imaginer qu’il aura recours à de nouveaux matériaux, comme par exemple les nanotubes de carbone, qu’il sera furtif, à l’image du projet PL-01, actuellement mené par le polonais Obrum et BAE Systems ou bien encore qu’il utilisera des munitions téléscopées et qu’il sera aussi une plateforme de recueil de renseignements. Mais surtout, il devra être « employable », c’est à dire que ses coûts de maintien en condition opérationnelle (MCO) ne seront pas trop élevés (comme actuellement pour le Leclerc) et qu’il pourra plus facilement être « projeté » sur un théâtre extérieur.

Cela étant, l’armée de Terre française n’a pas exprimé le besoin d’un successeur pour le Leclerc pour 2025 dans la mesure où, dans le cadre de son programme Scorpion, ce dernier sera « revalorisé ».

« La rénovation progressive du char Leclerc est inscrite dans le projet de LPM 2014-2019. Elle concerne 200 chars et les travaux débuteront en 2018, pour des livraisons à partir de 2020. (…) Il est clair que cette perspective, maintenant confirmée, permet à Nexter de préserver les compétences rares et sensibles maintenues sur ce char, qui, sans cela, auraient dû être allouées à d’autres projets », expliquait Phlippe Burtin, en septembre 2013.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]