Ukraine : Après l’aéroport de Donetsk, les séparatistes s’attaquent au port stratégique de Marioupol

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Après avoir contraint les forces gouvernementales ukrainiennes à se retirer de l’aéroport de Donetsk après 242 jours de combats, les séparatistes pro-russes du Donbass (sud-est de l’Ukraine) ont lancé une autre offensive sur le port stratégique de Marioupol, qui est aussi la dernière grande ville de la région encore contrôlée par Kiev.

Située au bord de la mer d’Azov, la ville de Marioupol (500.000 habitants) est stratégique pour les rebelles pro-russes dans la mesure où sa conquête leur permettrait de relier le Donbass à la Crimée, annexée en mars 2014 par la Russie. Qui plus est, elle est aussi un centre industriel, avec trois grandes usines : Azovstal, Ilyich Steel & Iron Works (sidérurgie) et Azovmach (constructions mécaniques).

C’est ainsi que, le 24 janvier, des bombardements au lance-roquettes multiples Grad sur un quartier densément peuplé situé dans les faubourgs Est de Marioupol ont fait au moins une trentaine de tués parmi les civils. L’armée ukrainienne a immédiatement accusé les séparatistes d’être à l’origine de ce carnage.

« Les rebelles n’ont pas besoin de la paix, ils exécutent les ordres du Kremlin pour une escalade de la situation dans le Donbass », a-t-elle ainsi déploré.

Ce que les séparatistes pro-russes ont nié de leur côté. « Les combattants n’ont pas ouvert le feu sur Marioupol, sans parler de quartiers habités », a dit un responsable militaire rebelle à l’agence de presse officielle de la république autoproclamée de Donetsk. Ce dernier a même affirmé qu’il s’agissait d’une « provocation des forces de l’ordre de Kiev ».

Sans parler de ces bombardements, Alexandre Zakhartchenko, le chef  de la république autoproclamée de Donetsk, a quant à lui déclaré que « l’offensive sur Marioupol a débuté aujourd’hui [24/01] ».

Seulement, les observateurs de l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont affirmé que les tirs sur le quartier de Marioupol provenaient de positions contrôlées par les séparatistes.

« Selon l’analyse des impacts, les roquettes Grad ont été tirées du nord-ouest, dans la zone d’Oktyabr, et les roquettes Ouragans de l’est, dans la zone de Zaïtchenko, toutes deux contrôlées par la République Populaire de Donetsk », a ainsi expliqué l’OSCE, laissant entendre qu’un barrage de l’armée ukrainienne était situé à 400m du quartier visé.

Sans se prononcer sur l’origine des tirs, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a condamné « fermement les attaques à la roquette sur la ville de Marioupol » et noté que « les roquettes semblaient avoir été lancées de manière aveugle sur des zones civiles, ce qui constituerait une violation des lois humanitaires internationales ». En outre, il a aussi dénoncé « la rupture unilatérale du cessez-le-feu opéré par les dirigeants des séparatistes et en particulier leurs déclarations provocatrices revendiquant davantage de territoire (dans le Donbass), au mépris de leurs engagements pris dans le cadre des accords de Minsk. »

L’Union européenne a dénoncé ces bombardements. « Cette escalade va inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l’UE et la Russie », a en outre estimé Mme le Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini.

« Je demande à la Russie d’user de son influence considérable et de cesser tout soutient militaire, politique et financier aux dirigeants séparatistes afin d’éviter des conséquences désastreuses pour tout le monde », a aussi prévenu Mme Mogherini, qui passait pourtant pour être « russophile » aux yeux des ex-pays du bloc soviétique désormais intégrés à l’UE.

Quant à l’Otan, son secrétaire général, Jens Stoltenberg, lequel entretenait de bonnes relations avec Moscou du temps où il était Premier ministre en Norvège, il a également appelé la Russie à « cesser de déstabiliser l’Ukraine et d’apporter son soutien militaire, politique et financier aux séparatistes » du Donbass.

En outre, M. Stoltenberg a fait état d’une  » offensive de grande ampleur des séparatistes avec l’aide de la Russie dans les régions de Donetsk, Louhansk et Marioupol ». Pour lui, il « s’agit d’une remise en cause complète du cessez-le-feu ».

« Les troupes russes soutiennent l’offensive dans l’est de l’Ukraine grâce à des structures de commandement et de contrôle, des systèmes de défense anti-aérienne dont des missiles sol-air, des équipements aériens téléguidés (drones), des batteries de lance-roquettes multiples et des systèmes électroniques », a encore accusé le secrétaire général de l’Otan.

Photo : lance-roquettes multiple BM 21 « Grad »

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