L’un des auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo est connu pour ses liens anciens avec la mouvance jihadiste

kouachi-20150208Près de 24 heures après l’attaque meurtrière contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, laquelle a fait 12 morts, dont 2 policiers, deux hommes sont activement recherchés par les forces de sécurité : il s’agit de Chérif et Saïd Kouachi, âgés respectivement de 32 et 34 ans.

En outre, 7 personnes de leur entourage ont été placées en garde à vue. Et le beau-frère de l’un des auteurs de l’attentat, Mourad H., 18 ans, également visé par un avis de recherche, s’est rendu de lui même au commissariat de Charleville-Mézières (Ardennes), où il réside, après avoir vu son nom circuler sur les réseaux sociaux. Pour le moment, son rôle exact reste à préciser.

Dans la soirée du 7 janvier, plusieurs opérations de police ont été menées notamment dans le XIXe arrondissement de Paris et à Reims, où le RAID est intervenu aux environs de 00H30 dans un appartement suspect, sans échanger le moindre coup de feu. Une fouille et des prélèvements ont ensuite été effectués.

Cela étant, l’un des deux suspects, Chérif Kouachi (à gauche sur la photo), n’est pas un inconnu. En février 2005, son nom était en effet apparu dans une enquête publiée par le quotidien Libération sur la filière de recrutement de jihadistes démantelée dans le XIXe arrondissement de la capitale. Il avait été arrêté par la DST (Direction de surveillance du territoire) avant son départ pour la Syrie, d’où il devait ensuite rejoindre le territoire irakien pour y combattre les forces américaines.

« Orphelin dès l’enfance de ses deux parents immigrés d’Algérie, Chérif Kouachi, qui a été élevé en foyer à Rennes et a passé un brevet d’éducateur sportif avant de gagner Paris, n’a jamais quitté l’Hexagone. Hébergé avec son frère Saïd chez un Français converti, ce livreur de pizzas a ‘plus le profil du fumeur de shit des cités que d’un islamiste du Takfir Il fume, boit, ne porte pas de barbe et a une petite amie avant le mariage' », pouvait-on alors lire dans les colonnes de Libération, qui reprenait les propos de Me Vincent Ollivier, l’avocat du jihadiste.

« Le ministère public essaie de les relier à Ben Laden et Zarqaoui [ndlr, le chef d’al-Qaïda en Irak, à l’époque]. Mais ce ne sont que deux jeunes de 22 ans qui ont pris un billet pour la Syrie, avec un retour. D’ailleurs, Chérif Kouachi ne cesse de remercier la justice de l’avoir mis en prison. Depuis, une boule a disparu de son ventre », avait même ajouté l’avocat à son sujet ainsi qu’à celui de son « binôme », Thamer Bouchnak.

Seulement, Chérif Kouachi n’a jamais quitté la mouvance jihadiste. Condamné en mai 2008 à 3 ans de prison (dont 18 avec sursis), il a été ensuite en relation avec Djamel Beghal, une figure de l’islam radical. Ce dernier, passé par l’Afghanistan, avait été reconnu coupable, en 2005, d’avoir créé une association de malfaiteurs terroristes (il avait un projet d’attentat contre les intérêts américains à Paris), avant d’être libéré quatre ans plus tard.

Assigné à résidence dans le Cantal, Beghal sera de nouveau arrêté et condamné en 2010 puis pour avoir, cette fois, planifié un projet d’évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, un ancien membre du Groupe islamique armé (GIA algérien), emprisonné à pépétuité pour sa responsabilité dans l’attentat contre à la station RER Musée d’Orsay en octobre 1995. Or, Chérif Kouachi a été impliqué dans cette affaire. Mais finalement, il a bénéficié d’un non-lieu.

Sur les ondes de RTL, ce 8 janvier, il a été demandé au Premier ministre, Manuel Valls, si les deux suspects étaient suivis par les service de police et s’il y avait eu une défaillance. « Le parlement voudra nécessairement savoir. Je n’ai pas encore de réponse à ces questions, a indiqué Manuel Valls. Ces individus étaient connus des services de police et donc suivis. Nous faisons face à une menace terroriste sans précédent, et face à une telle menace terroriste, il n’y a pas de risque zéro », a-t-il répondu.

Même tonalité chez Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. «  »Ces individus avaient fait l’objet de surveillance. Leur statut n’était pas judiciarisé. Il n’y avait pas d’élément les concernant témoignant de l’imminence d’un attentat », a-t-il expliqué Bernard Cazeneuve au micro d’Europe1. « Nous prenons 100 % de précaution, mais […] ce n’est pas le risque zéro », a-t-il poursuivi. « Nous sommes face à un risque exceptionnel qui peut conduire à d’autres manifestations de violence », a-t-il ajouté.

Photo : Chérif et Saïd Kouachi (c) Préfecture de police de Paris

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