12% des militaires du premier mandat de l’opération Sangaris ont présenté des « déséquilibres psychologiques »

ssa-20140404Les militaires engagés dans l’opération Sangaris, en Centrafrique, vivent souvent des moments difficiles en raison des violences qui y sont commises. Et cela n’est évidemment pas sans conséquences sur le plan psychologique, avec de probables cas de troubles de stress post-traumatiques (TSPT), ces blessures « invisibles » sont causées par une tension nerveuse continue au cours de la mission ou bien encore par la vision de scènes insupportables.

Ainsi, les députés Émilienne Poumirol et Olivier Audibert-Troin, auteurs d’un copieux rapport d’information sur la prise en charge des soldats blessés expliquent que « le contexte opérationnel » en Centrafrique réunit « tous les ingrédients pour que l’impact psychologique soit douloureux : horreur de la guerre civile, impuissance relative de la force, volatilité et dangerosité du milieu, conditions matérielles très rudimentaires, ennemi mal identifié et perte de contrôle de la violence ».

Pour autant, et alors que ce dispositif avait été mis en place à Chypre pour les militaires revenant d’Afghanistan ou du Mali, aucun « sas de décompression », qui vise à faciliter le retour à une vie normale et à détecter d’éventuels troubles psychiques, n’avait été prévu au moment du lancement de l’opération Sangaris. Seule la Cellule d’intervention et de soutien psychologique de l’armée de Terre (CISPAT) fut sollicitée en envoyant une équipe de 6 psychologues sur ce théâtre extérieur.

Et « quand cette cellule n’a plus été pas suffisante, expliquent les deux députés, la CISPAT a envoyé deux psychologues sur place pour délivrer l’aspect psychologique du sas sur le théâtre à 500 militaires rentrant en février et mars 2014 ». Et d’ajouter : « Cependant, il s’agit d’un projet moins ambitieux que le sas, sur une journée seulement et dans un cadre, ‘sous l’aile de l’avion’, ne se prêtant ni à la normalisation ni à l’apaisement. Beaucoup de personnels, au moins un tiers, n’ont donc pas pu être suivis pour leurs problèmes psychiques ».

Aussi, le « bilan est très négatif pour le premier mandat de Sangaris [ndlr, GTIA Amarante et Panthère] ont avancé les rapporteurs. Selon eux, « 12% des militaires de retour de République centrafricaine présentaient des déséquilibres psychologiques se traduisant par un contact altéré avec la réalité contre 8% pour l’opération Pamir [ndlr, en Afghanistan].

Depuis, un nouveau sas de décompression a été mis en place à Dakar pour les militaires engagés dans les opérations Barkhane et Sangaris. Pendant trois jours, ces derniers participent à des activités obligatoires et facultatives, ainsi qu’à des groupes de paroles. Dans leur rapport, les deux députés préconisent de pérenniser ce dispositif en garantissant son financement, actuellement prélevé sur l’enveloppe des opérations extérieures, ce qui le rend « trop fragile en période de contrainte budgétaire », sachant que le coût de celui de Chypre était de 800.000 euros par relève.

Pour les rapporteurs, « l’apport du sas est indéniable en matière de détection et de prévention des conduites à risque et des troubles psychiques. Sa fonction d’apaisement est un accélérateur du retour à la normale ». Selon une étude l’armée de Terre réalisée en 2012, « sur les 88 % des militaires qui ont bénéficié du sas de fin de mission à Chypre en 2011, 92 % se disaient satisfaits de l’aide apportée », 78% ont pu se « réadapter plus facilement à la ‘vie normale' » et 49 % ont été en mesure de parler « plus facilement avec un médecin des troubles psychologiques ».

Enfin, ajoutent les deux députés, « des bénéfices psycho-sociaux pas toujours chiffrables en termes d’impacts immédiats ont également été remarqués avec une influence sur certains facteurs sensibles comme l’absentéisme, l’attrition, la motivation au travail et l’adaptation sociale ».

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