Il y aurait entre 6.000 et 10.000 enfants soldats en Centrafrique, selon une ONG

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Le sujet est rarement évoqué alors qu’il est d’une importance majeure pour les opérations en cours en Centrafrique. En effet, l’attitude d’un militaire des forces internationales (Sangaris, Minusca, Eufor RCA) déployées dans le pays n’est pas la même quand il doit faire face à des miliciens déterminés ou à des enfants soldats, dont certains ont tout juste 8 ans.

Et pourtant, selon l’Organisation non gouvernementale (ONG) britannique Save The Children, il y aurait, en Centrafrique entre 6.000 et 10.000 enfants soldats. Un chiffre qui a été multiplié par 4 depuis décembre 2012, date qui marque le début de la crise centrafricaine avec l’avancée de la coalition rebelle de la Séléka (à dominante musulmane) vers Bangui.

En novembre 2013, les Nations unies avaient estimé le nombre d’enfants soldats en Centrafrique à 6.000 environ contre 3.500 un an plus tôt.

Plusieurs raisons expliquent cette hausse. Tout d’abord, il y a le contexte. Les ex-rebelles de la Séléka, désormais divisés en 3 branches, sont toujours actifs. De même que les milices anti-balaka (à dominante chrétiennes), dont certaines sont manipulées par le clan de François Bozizé, l’ex-président centrafricain. Ces deux mouvances s’affrontent régulièrement (quand elles ne se combattent pas entre elles), comme cela été encore le cas à Mbrés (300 km au nord de Bangui) le 17 décembre. Les combats, qui ont éclaté quelques jours après une cérémonie de réconciliation entre les deux camps sous l’égide de la force de l’ONU (Minusca), ont fait 28 tués.

Ensuite, ces groupes armés enlèvent des enfants – garçons et filles – pour les forcer à combattre dans leurs rangs. D’autres les ont sciemment rejoints contre de l’argent et une protection, parfois même pour pouvoir manger. Et certains l’ont même fait par esprit de vengeance après avoir perdu leurs proches.

« Les enfants recrutés sont souvent victimes de violence physique et mentale de la part des combattants adultes et certains ont reçu l’ordre de tuer ou de commettre d’autres actes de violence », souligne le rapport de Save The Children.

Ces enfants sont donc susceptibles de participer aux combats (et donc de tuer) ou d’effectuer des tâches logistiques. « Ayant commis ou étant témoins de meurtres et d’actes de violence extrême pendant des mois, ils sont susceptibles de souffrir de peur, d’anxiété et de dépression. Beaucoup ont besoin d’un soutien psychologique spécialisé », explique l’ONG.

« De nombreux enfants ont vécu des choses qu’aucun adulte ne devrait voir », a estimé Julie Bodin, une responsable de Save the Children. « Et, même s’ils quittent leur groupe armé ou sont libérés, ils risqueront d’être rejetés par leur communauté », a-t-elle ajouté.

« À moins que des interventions rapides et soutenues soient menées, davantage d’enfants courent le risque de se faire recruter ou enrôler de nouveau, et ceux qui ont été démobilisés des groupes armés seront condamnés à l’appauvrissement », estime l’ONG. « La perspective de voir des dizaines de milliers d’enfants et de jeunes, traumatisés par leurs expériences, sans accès à l’éducation et face à un avenir sans débouchés économiquespose également de sérieux risques par rapport à la sécurité et à la stabilité à plus long terme en RCA », fait-elle encore valoir.

Photo : Un enfant soldat en Centrafrique (c) Save the Children

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