Les ventes des 100 plus grandes entreprises de l’armement ont globalement baissé en 2013

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Depuis 1989, le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) alimente une base de données sur l’industrie de l’armement et établit un classement des 100 plus importantes entreprises de ce secteur. Et l’analyse des informations financières de ces denières permet d’estimer le niveau des ventes d’armes et de services à caractère militaire. Cela étant, cette méthode a une limite, dans la mesure où aucun industriel chinois n’y figure.

Cela étant, le SIPRI a donc déterminé que les 100 entreprises de ce classement ont réalisé 402 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2013 (soit -2% par rapport à l’année précédente). Ce montant montant est donc en retrait pour la troisième année consécutive, même si le rythme de cette baisse a légérement ralenti (il était de -3.9% en 2012).

Dans le détail, le chiffre d’affaires des entreprises d’armement implantées en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) a modérément diminué, certains s’en tirant même mieux que d’autres, comme Boeing et Northrop Grumman, qui ont vu leurs ventes légèrement progresser en 2013. Globalement, les ventes des entreprises américaines ont reculé de 4,5% par rapport à 2012. Et leur nombre au TOP 100 a également diminué, passant de 42 à 38.

« Ceci est la conséquence d’une cession par les entreprises américaines de leur portefeuille d’activités face à des diminutions substantielles, en particulier celles liées aux demandes d’équipements et de services pour les principales opérations extérieures », fait valoir le Sipri.

En Europe occidentale, le tableau est plus contrastée. Les industriels français, malgré l’incertitude liée à la sortie du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) et la préparation de la Loi de programmation militaire (LPM) s’en sont bien sortis, en particulier grâce à la hausse (plus de 40%) de leurs exportations en 2013. Quant à leurs homologues britanniques, par ailleurs très engagés en Amérique du Nord, leurs ventes sont restées globalement stables. Idem pour les entreprises allemandes du secteur. En revanche, le chiffres d’affaires des groupes espagnols et italiens reste nettement orienté à la baisse.

Si les industriels occidentaux connaissent des fortunes diverses, ce n’est pas le cas de leurs concurrents, notamment de ceux établis en Russie. « La part des ventes pour les compagnies hors Amérique du Nord et Europe occidentale augmente depuis 2005 », a commenté Aude Fleurant, directrice du Programme Armes et Dépenses militaires de l’institut suédois. « Pour 2013, à 15,5 % des ventes du Top 100, cette part est à son plus haut niveau jamais enregistré dans l’histoire du Top 100 du SIPRI, classement qui n’inclut pas les firmes basées en Chine en raison d’un manque de données fiables », a-t-elle expliqué.

Ainsi, certains groupes russes, dopés en partie par le programme de réarmement décidé par le président Poutine, ont connu une progression, parfois spectaculaire, de leur chiffre d’affaires. C’est ainsi le cas de Tactical Missiles Corporation (+118%), d’Almaz-Antey (+34%) en encore d’United Aircraft Corporation (+20%).

La progression est telle qu’Almaz-Antey (radars, systèmes de défense aérienne, etc) se rapproche du top 10 du classement établi par le Sipri, jusque-là exclusivement dominé par des industriels occidentaux. Et Sozvezdie, spécialiste de matériels électroniques et de communication, est le 10e groupe russe à figurer dans le top 100.

« L’augmentation remarquable des ventes des entreprises russes, tant en 2012 qu’en 2013, est due à des investissements soutenus du gouvernement russe dans l’approvisionnement militaire au cours des années 2000. Ces investissements sont clairement destinés à moderniser les armements et les capacités nationales de production afin de les mettre à égalité avec les capacités et les technologies des grands producteurs d’armement d’Europe occidentale et des États-Unis », a commenté Siemon Wezeman, chercheur principal au Programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

Enfin, les ventes des industriels des pays émergents restent encore à niveau très modeste (seulement 3.6% du total) mais certains ont toutefois connu une croissance significative, comme Korean Aerospace Industries (+31%). En outre, Embraer (Brésil) et Aselsan (Turquie) continuent de gagner des places  au Top 100.

« Ces tendances soulignent l’érosion relativement modeste mais continue de la domination des producteurs d’Europe occidentale et des États-Unis », a estimé Aude Fleurant.

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