Doutes d’un général américain sur l’avenir de l’Afghanistan

Le général américain Joseph Anderson, un responsable de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, a tenu des propos qui tranchent avec les discours convenus lors d’un entretien accordé il y a quelques jours au New York Times.

Alors que le mandat de l’ISAF se termine à la fin de cette année et qu’une nouvelle mission de l’Otan, appelée Resolute Support, prendra le relais afin de continuer à soutenir les forces de sécurité afghanes, le général Anderson est en proie au doute. « Je ne sais pas si je suis pessimiste ou optimiste », a-t-il dit.

Plusieurs raisons expliquent cette position nuancée de ce général. Tout d’abord, les pertes des forces afghanes ne sont pas « tenables », avec plus de 5.000 tués cette année, soit un niveau supérieur à celles subies par la coalition internationale en 13 ans de présence en Afghanistan. Et c’est sans compter sur le taux « étonnant » de désertions…

Les pertes sont surtout élevées dans les rangs des policiers afghans, lesquels sont « tout simplement moins attentifs aux procédures de sécurité ». « Ils sont formés mais 9 fois sur 10, ils ne suivent pas les procédures appropriées », a expliqué le général Anderson, qui a souligné le manque de coopération entre l’armée et la police afghane.

En outre, il y a des ingérences politiques dans la planification des opérations militaires afghanes. Certaines ont ainsi été lancées à la demande de puissants responsables afghans. Le général Anderson a parlé de « missions parasites ». « La coalition a réalisé des missions de surveillance pour vérifier si les demandes d’intervention étaient justifiées. En une semaine, elle a effectué 140 heures de vol au-dessus de zones prétendument contrôlées par les talibans. Elle n’a rien trouvé », a-t-il fait valoir.

Dans le même temps, quand il s’agit de « nettoyer » un secteur de la présence des insurgés, les forces afghanes font le minimum :  elles interviennent mais ne tiennent pas le terrain. Un autre point noir est la logistique : des opérations n’ont pas pu être effectuées parce que des véhicules n’étaient tout simplement pas en état de marche.

Pour autant, tout n’est pas tout noir pour le général Anderson. « Sur le plan tactique, les forces afghanes peuvent battre les taliban », a-t-il dit. Mais à la condition qu’elles soient « motivées » (et correctement commandées). En outre, le nouveau président afghan, Ashraf Ghani, s’est engagé à nommer des responsables sur leurs mérites et le niveau de corruption semble, à première vue du moins, avoir diminué.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]