Le prochain chef du Pentagone sera Ashton Carter

carter-20141206Poussé vers la sortie sans trop d’égards, Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense, n’était pas présent lors de l’annonce officielle faite par le président Obama au sujet du choix de son successeur, le 5 décembre.

Ainsi, le prochain patron du Pentagone sera – après sa confirmation par le Sénat – Ashton Carter, qui, âgé de 60 ans, est titulaire d’un doctorat de physique et d’un diplôme d’histoire médiévale. Il est « probablement l’une des seules personnes qui comprennent effectivement comment nombre de nos systèmes de défense fonctionnent », a plaisanté Barack Obama.

Contrairement à Chuck Hagel, Ashton Carter n’a jamais porté l’uniforme. Mais il s’est intéressé très tôt aux questions militaires et il connaît parfaitement le Pentagone pour y avoir exercé des responsabilités sous l’ère Clinton.

De 1993 à 1996, Ashton Carter a en effet servi en qualité de secrétaire adjoint à la Défense pour la politique de sécurité internationale. À ce titre, il a joué un rôle dans l’élimination des armes nucléaires en Ukraine, au Kazakhstan et en Biélorussie, dans le cadre du programme de désarmement Nunn-Lugar.

Sous l’administration Obama, M. Carter a d’abord été secrétaire pour l’acquisition, la technologie et la logistique des équipements militaires avant de devenir le numéro 2 du Pentagone, de 2011 à décembre 2013. Il a notamment joué un rôle de premier plan pour doter les forces américaines de capacités anti-IED [engins explosifs improvisés, première cause de mortalité en Afghanistan et en Irak, ndrl]. « Il n’est pas exagéré de dire qu’il y a d’innombrables Américains qui sont encore en vie aujourd’hui, en partie à cause des efforts de Ash », a souligné le chef de la Maison Blanche.

Respecté par les militaires et les civils du Pentagone, mais aussi par les Républicains, qui tiennent le Sénat depuis les élections de novembre dernier, Ashton Carter, »un intellectuel de la défense qui est souvent la personne la plus intelligente dans la salle », a écrit le site Politico, aura plusieurs défis à relever, comme le combat contre l’État islamique en Syrie et en Irak, la fin des missions de combat en Afghanistan, la lutte contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest (les États-Unis y ont déployé des moyens militaires), les mesures de réassurance à l’égard des pays de l’ex-bloc soviétique prises avec l’affaire ukrainienne, le pivot vers l’Asie-Pacifique et les contraintes budgétaires.

Par ailleurs, M. Carter a pris plusieurs positions assez tranchées par le passé à l’égard de l’Iran et de la Corée du Nord. S’agissant de cette dernière, il avait plaidé en 2006, comme le rappelle Time dans un article publié en avril 2013, pour une « frappe chirurgicale » sur un missile nord-coréen sur le point d’être lancé. Il a également été en faveur de frappes contre le régime syrien après l’attaque chimique du quartier de la Goutha.

Maintenant, quelle pourra être l’influence de M. Carter au sein de l’administration Obama? Cette question est loin d’être anodine : ses trois prédécesseurs (Gates, Panetta et Hagel) ont déploré leur relative mise à l’écart dans certains dossiers cruciaux. « Il était à mes côtés pour répondre aux défis complexes auxquels nous étions confrontés, je me suis appuyé sur ses compétences et son jugement », a fait valoir le président américain.

« J’espère qu’il comprend bien qu’il aura probablement une influence limitée sur le petit cercle qui entoure le président et qui contrôle visiblement tout le processus de décision », a commenté le sénateur John McCain, pour qui Ashton Carter est « extrêmement compétent, très travailleur et doté d’une solide expérience ».

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