Le Kenya reste plus que jamais dans le collimateur des jihadistes somaliens

En septembre dernier, un raid américain coûta la vie à Ahmed Abdi Godane, le chefs des Shebabs, les jihadistes somaliens ayant prêté allégeance à al-Qaïda. Et l’on s’interrogeait alors sur la direction qu’allait prendre ce mouvement, désormais clairement sur la défensive depuis l’intervention militaire du Kenya en Somalie décidée à l’automne 2011 et surtout grâce à l’action de l’AMISOM, la force de l’Union africaine déployée dans le pays sous l’égide de l’Union africaine et avec un mandat des Nations unies.

Finalement, le nouveau chef des Shebabs, Sheikh Ahmad Umar Abu Ubaidah, poursuit ce qu’avait commencé son prédécesseur en accentuant l’action de ses troupes sur le Kenya, déjà endeuillé par l’attaque du Westgate Mall de Nairobi, en septembre 2013 (67 tués). Depuis, les attentats, commis notamment contre les chrétiens, sont fréquents.

L’été dernier, une serie d’attaques dans la région de Lamu, avaient fait une centaine de morts, dont 49 lors de l’assaut donné contre la localité de Mpeketoni. Plus récemment, et en représailles à la fermeture de 4 mosquées (Musa, Sakina, Minaa et Swafaa) de Mombasa en raison de la présence de prédicateurs radicaux présumés liés à la mouvance jihadiste, les shebabs ont froidement assassiné 28 passagers chrétiens d’un bus dans le déparement de Mandera, près de la frontière avec la Somalie.

Et, le 1er décembre, les shebabs se sont rendus coupables d’un nouveau carnage toujours à Mandera, en s’attaquant à camp d’ouvriers. Selon la Croix-Rouge, 36 personnes ont été tuées, dont certaines ont été égorgés et décapitées.

Les jihadistes somaliens ont revendiqué ce massacre. « Près de 40 croisés kényans ont été tués lors d’un raid réussi des moujahidines mené par la brigade Saleh Nabhan autour de minuit à Koromei, en périphérie de la ville de Mandera », a fait valoir leur porte-parole, Ali Mohamud Rage.

« Cette dernière attaque fait partie d’une série d’opérations planifiées et exécutées par les moujahidines en réponse à l’occupation de terres musulmanes par l’armée kényane et leur atrocités », a-t-il ajouté. « Nous continuerons à défendre notre terre et notre peuple face à cette agression. Nous ne ferons aucun compromis, (…), nous serons sans pitié pour les infidèles », a-t-il encore menacé.

Pour autant, le président kényan, Uhuru Kenyatta, a fini par prendre des mesures énergiques en décidant de se séparer de son ministre de l’Intérieur, Joseph Ole, et du chef de la police, ces deux hommes ayant été sévèrement critiqué par la presse pour leur inefficacité. Selon un bilan officiel, les shebabs ont tué 700 personnes au Kenya, dont 500 civils… Il était donc plus que temps de réagir.

« C’est une guerre que nous devons gagner » et « nous ne reculerons pas » a affirmé le président Kenyatta, qui a qualifié « d’animaux enragés » les shebabs. Car selon lui, l’objectif de ces derniers est « de semer l’hostilité et la suspicion sur des lignes ethniques et religieuses, et de chasser les non-musulmans de certaines parties du pays ». Et d’ajouter : « Le but ultime de cette campagne atroce est de créer un califat islamique ».

Enfin, il n’est pas question pour le président Kenyatta de faire revenir les troupes kényanes engagées en Somalie. « Cette décision était bonne, et le reste aujourd’hui », a-t-il estimé, avant d’avancer que leur engagement « a été largement un succès puisque les shebabs sont affaiblis et en déroute ». Mais, a-t-il poursuivi, « même avec des forces diminuées, ils restent une menace pour notre pays. »

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