Un mystérieux engin spatial russe relance les spéculations sur les armes anti-satellites

Cet été, la Nasa a détecté, en orbite, un objet qui semblait être un débris provenant du lancement, en mai dernier, de 3 satellites de télécommunication de type Rodnik destinés aux forces armées russes.

Mais à y regarder de plus près, il semblerait que ce débris, désigné « Objet 2014-28E », n’en soit finalement pas un… En effet, le suivi de sa trajectoire donne l’impression qu’il suit des manoeuvres complexes au milieu d’autres débris en orbite. Serait-ce finalement un satellite qui aurait été lancé en même temps que les 3 autres? Si tel est le cas, alors la Russie ne l’aurait pas déclaré… Ce qui laisse la porte ouverte à toutes les spéculations.

Du coup, le Norad (North American Aerospace Defense Command ou Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord), s’y intéresse maintenant de près et lui a attribué le numéro 39765.

« Il peut avoir une fonction civile ou militaire, il peut s’agir d’un simple engin de réparation ou d’un système militaire de brouillage de satellite » a résumé, au sujet de cet objet mystérieux, Patricia Lewis, spécialiste du centre de recherche britannique,  Chatham House, dans les colonnes du Financial Times.

« Il y a toujours une confusion autour de ce genre de choses, puisque personne ne sait vraiment à quoi ce genre de satellite peut servir », a estimé Robert Christy, un expert du Kettering Group of astronomers.

Cela étant, cette affaire n’est pas surprenante. En effet, le 25 décembre 2013, la Russie avait annoncé avoir lancé 3 satellites de télécommunications… avant d’admettre, en mai dernier, d’en avoir profité pour mettre aussi sur orbite un engin de nature militaire dont la mission demeure encore inconnue.

Cela étant, la Russie n’est pas la seule à faire des cachotteries en la matière. La Chine n’est pas en reste, tout comme les États-Unis, dont on ignore le but du programme X-37B, une navette spatiale inhabitée qui est restée 22 mois en orbite récemment.

Ces projets confidentiels pourraient en fait être destinés à mettre au point des armes anti-satellites. Du moins, c’est ce que craignent certains observateurs, hostiles à une militarisation de l’espace. Les États-Unis avaient développé le concept de la guerre des étoiles (IDS) dans les années 1980, la Chine s’est lancée sur cette voie, en procédant, en janvier 2007, à la destruction d’un de ses vieux satellites. Et l’Union soviétique avait un tel programme, appelé « Istrebitel Sputnikov », avant sa désintégration.

Or, en 2010, rappelle le Finantial Times, le général Oleg Ostapenko, qui était alors commandant des forces spatiales russes avant de prendre les rênes de l’agence spatiale russe, avait affirmé que Moscou pourrait relancer ses recherches en matière de satellites « tueurs » en cas de dégradation de ses relations avec Washington.

« Il serait étrange que l’espace reste le seul domaine sur lequel les militaires ne mettraient pas la main », a déclaré Patrica Lewis. « Les cyber-attaques sur les satellites sont déjà une réalité : la semaine dernière, des pirates liés au gouvernement chinois ont infiltrés des satellites météorologiques américains », a-t-elle affirmé.

Au vu de l’importance qu’ont pris les satellites dans les activités militaires (météorologie, écoutes, télécommunications, navigation et renseignement), disposer d’une capacité de destruction dans l’espace serait de nature à donner un avantage conséquent en cas de confrontation armée : l’adversaire serait à la fois aveugle, désorienté et sourd.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]