La recherche aérospatiale française a besoin d’une aide financière d’urgence

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L’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA) est un organisme qui dépend du ministère de la Défense. Créé en 1946, il est le principal centre de recherche français dans le domaine de l’aéronautique, avec pour missions le soutien à l’innovation dans ce secteur et l’anticipation des besoins technologiques futurs, notamment en matière d’aérodynamique, de traitement de l’information, de mécanique des fluides, etc…

L’ONERA emploie 2.000 personnes, dont 1 500 ingénieurs et scientifiques. Le financement de cet Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) est assuré pour plus de la moitié par les industriels, le reste étant à la charge de l’État.

En outre, il dispose de 8 centres et 12 souffleries. Celle installée à Modane (Rhône-Alpes) est la plus grande au monde type sonique (Mach 1), avec un circuit de 400 mètres de long pour 24 mètres de diamètre, alimentée en énergie par deux turbines hydrauliques qui produisent jusqu’à 90 Megawatts.

Seulement, cet organisme qui a contribué à l’excellence française (et européenne) dans le secteur de l’aérospatial connaît des fins de mois difficiles. En particulier parce que les industriels ont moins besoin, pour le moment, d’utiliser les souffleries de l’ONERA. De 257 millions en 2010, son budget a été de 230 millions en 2013. Et, il manque des fonds pour effectuer des travaux nécessaires à Modane ainsi que pour remettre à niveau les autres souffleries. Faute de quoi, la France risquerait de perdre les outils qui lui ont permis d’atteindre la réputation qui est la sienne dans le domaine de l’aéronautique… Et cela alors que la Chine investit massivement dans ce type d’équipement, de même que les États-Unis (plan de 600 millions d’euros sur 10 ans).

« Sans nos souffleries, l’aéronautique française n’aurait pas atteint un tel niveau de réussite. Elles ont non seulement contribué à tous les grands programmes d’aéronefs, mais elles ont également permis à la France d’acquérir une position de leader en matière de codes de calcul aérodynamiques et de techniques d’essais », a expliqué le président de l’ONERA.

Combien faudrait-il pour maintenir ces infrastructures qui permettraient de garder une tête d’avance sur la concurrence (ou du moins de rester dans la course), à un moment où l’on apprend qu’Airbus veut plus de composants d’origine chinoise et que Snecma veut créer une co-entreprise en Chine? Selon le plan de soutien que l’ONERA entend soumettre à l’État, il est question de 218 millions d’euros… sur 11 ans.

« Sur cette somme, 134 millions seraient consacrés à pérenniser nos infrastructures et 85 millions serviraient à financer 51 projets imaginés en concertation avec les industriels », a expliqué, au quotidien Les Echos, Patrick Wagner, des grands moyens techniques de l’ONERA. 218 millions… Soit à peine deux fois plus que l’enveloppe votée par les députés pour aider les mairies à mettre en place la réforme des rythmes scolaires.

« Si on ne fait rien, nous ne serons plus en mesure d’explorer les technologies de rupture qui attendent les industriels à l’horizon 2030 et au delà », a encore fait valoir M. Wagner.

Ces technologies de rupture, les industriels en parlent. En octobre, le Conseil pour la recherche aéronautique civile a lancé une seconde vague de projets concernant l’industrie aéronautique du futur. « L’idée est de lancer les premières phases des projets concernant les systèmes embarqués et l’usine du futur puis, dans un second temps, celles concernant les nouvelles configurations d’aéronefs », a expliqué Marwan Lahoud, le président du GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales).

« Les travaux proposés ont l’ambition de permettre une redéfinition complète de la forme des aéronefs pour qu’ils soient encore plus silencieux et plus économes en carburant », a indiqué Alain Vidalies, le secrétaire d’État aux Transports. C’est à dire qu’il faudra faire évoluer leur formule aérodynamique. Ce que sont en train de réaliser des ingénieurs américains, avec l’Adaptive Compliant Trailing Edge, une aile flexible dont la forme peut changer en vol.

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