La lutte contre la culture du pavot en Afghanistan est un échec

En 2002, en Afghanistan, la surface des cultures de pavot était de 74.000 hectares. En 2014, selon le dernier rapport du Bureau des Nations unies chargé de la drogue et de la criminalité (Unodc), elle a pratiquement triplé pour atteindre les 224.000 hectares. Et cela, malgré les différents programmes – souvent très coûteux – mis en place pour lutter contre ce phénomène.

Aussi, si il est encore trop tôt pour faire le bilan complet de l’action de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, l’on peut d’ores et déjà constater un échec patent sur le front de la lutte contre la production de drogues.

Les recettes tirées de la culture du pavot vont en partie remplir les caisses du mouvement taleb, qui finance ainsi ses activités de guérilla, mais aussi celles des chefs de guerre et autres barons locaux. En 2010, il était estimé que 60% des parlementaires afghans avaient un lien avec des personnes impliquées dans ces trafics.

Quant à l’ISAF, elle n’a jamais vraiment su comment s’y prendre pour éradiquer la culture du pavot à opium, qui sert à fabriquer de l’héroïne. Comme il n’était pas question d’y passer du défoliant (il fallait « gagner les coeurs et les esprits »), il a été mis en place des programmes d’aide au développement de cultures vivrières. Sans succès donc.

S’en prendre aux trafiquants n’a pas donné de meilleurs résultats : malgré les saisies importantes de produits stupéfiants annoncées, les surfaces cultivées de pavot ont continué à s’étendre. Ces dernières années, leur progression a été freinée à une seule reprise, grâce à champignon parasite, lequel fit chuter la production d’opium de 50%. Mais sans incidence, toutefois, sur le niveau des recettes liées au trafic étant donné que les prix flambèrent de 164%!

« Le pays doit se débrouiller seul (et)… aura à traiter la question de la criminalisation de son économie et de sa politique comme une priorité », a commenté Jean-Luc Lemahieu, de l’Unodc..

« Le combat contre le crime économique – la corruption et les stupéfiants en particulier – devra être complètement intégré dans les plans de développement économique et de la sécurité », a-t-il encore ajouté. Vaste programme…

En avril 2013, avant de prendre les rênes de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Bernard Bajolet avait affirmé que la drogue causait « plus de victimes que le terrorisme » en Russie, en Europe et dans les Balkans… Et pour cause : les trafics de produits stupéfiants posent des problèmes sanitaires – et la production afghane s’écoule massivement en Russie – et alimentent le crime organisé international.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]