L’armée de l’Air déploie des radars tactiques près des centrales nucléaires

L’on aurait pu penser que le battage médiatique fait autour des mystérieux drones envoyés au-dessus de installations nucléaires françaises allait mettre un terme à ce phénomène. Mais il n’en est rien : la centrale de Cattenom (Moselle) a été survolée en début de semaine.

Au moins 19 sites d’EDF ont ainsi été « visités » par ces drones, parfois même simultanément, ce qui veut dire qu’il ne s’agit pas de l’oeuvre d’une personne isolée. En outre, des installations d’Areva et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ont également été survolées.

Quant aux appareils utilisés, il ne s’agirait pas de drones généralement vendus pour des activités ludiques. Là, il est question d’engins disponibles dans le commerce pour une somme allant 7.500 à 15.000 euros, utilisés pour des applications professionnelles.

Aussi, les questions – sans réponses pour le moment – ne manquent pas. Qui est derrière ces vols au-dessus des centrales? Et quelles en sont les motivations? S’agit-il de créer un sentiment de psychose? D’une campagne anti-nucléaire? De prendre des images de ces installations pour des opérations futures?

À ce sujet, l’on constate que ces vols de drones ont pratiquement tous eu lieu pendant la nuit, ou du moins à l’aube ou au crépuscule. Dans ces conditions, l’on peut imaginer que l’objectif est de repérer, grâce à une caméra à infrarouge, les points chauds d’une centrale, c’est à dire les réacteurs (très protégés) et les transformateurs, lesquels augmentent la tension du courant électrique produit par l’alternateur avant qu’il soit envoyé dans les lignes à très haute tension.

Dans un récent article publié par le quotidien Le Monde, les experts d’EDF estiment l’hypothèse d’un repérage des transformateurs peu réaliste dans la mesure où les plans et les photographies des installations nucléaires seraient « accessibles assez facilement ».

Sauf que, en avril 2013, 17 transformateurs de la centrale électrique de San José, dans la Silicon Valley, en Californie, furent endommagés. Comment? Des individus ont d’abord coupé les câbles de communication pour isoler leur cible avant de prendre au moins 20 minutes pour viser soigneusement, à 40 mètres de distance, les systèmes de refroidissement des transformateurs afin de provoquer leur surchauffe et donc leur arrêt.

D’après le Wall Street Journal, qui avait parlé de cette affaire en février dernier, « il suffirait de cibler un petit nombre de sous-stations électriques bien choisies pour couper l’alimentation en électricité sur une large partie du territoire américain ». Aussi, en matière de sécurité, il faut toujours se méfier des hypothèses qui, à première vue, semble irréaliste…

Quoi qu’il en soit, lors de son audition devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées, Louis Gautier, le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a brièvement évoqué cette affaire de drones au-dessus des centrales. Est-ce que le compte-rendu qui a été rendu public de cette intervention a été caviardé ou bien est-ce qu’il n’a pas voulu livrer des détails? Toutjours est-il n’a pas répondu aux questions que lui ont posé quelques parlementaires à ce sujet.

En attendant, l’armée de l’Air a déployé des radars tactiques de type ANGD (Aladin nouvelle génération – durci) dans les environs de certaines installations nucléaires. Cette information a d’abord été révélée par Greenpeace, avant d’être confirmée à l’AFP par une « source officielle française qui a demandé à ne pas être identifiée ».

« Un certain nombre de moyens techniques », dont des radars militaires, « ont été déployés à proximité des sites et des centrales nucléaires récemment survolés par des drones », a ainsi affirmé cette source, le 12 novembre. « Vous comprendrez aisément que n’allons pas communiquer, pour des raisons d’efficacité, sur le type de moyens déployés et sur les lieux où ils sont déployés », a-t-elle ajouté, avant de préciser que la « mise en place de radars ANGD entre dans le cadre général de cette politique ».

Sur son site Internet, l’armée de l’Air explique : L’ANGD est radar un « radar mobile peut être installé sur une base aérienne ou dans le cadre de la mise en place d’un centre de détection et de contrôle (CDC) mobile ».

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