Dissuasion nucléaire : Le Laser mégajoule a été inauguré

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Depuis 1995 et la fin de ses essais nucléaires dans le Pacifique, la France a lancé un programme de simulation visant maintenant de sa force de frappe opérationnelle. Ce dernier est une nécessité qu’elle a signé et ratifié le TICE (Traité d’interdiction complète des essais) et que, par conséquent, elle ne dispose plus de site pour mener ses essais, à la différence d’autres pays doté de l’arme nucléaire au sens du Traité de non-prolifération (TNP), comme la Chine, la Russie ou bien encore les États-Unis.

Mené sous la houlette de la Direction des applications militaires (DAM) du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le programme Simulation repose sur trois pilliers : les tests hydrodynamiques, les supercalculateurs, toujours de plus en plus puissants, et le Laser mégajoule, qui doit permettre d' »étudier, à toute petite échelle, le comportement des matériaux dans des conditions extrêmes similaires à celles atteintes lors du fonctionnement nucléaire des armes ».

Ce Laser mégajoule est doté de 176 faisceaux lasers puissants qui convergeront sur une bille contenant des isotopes radioactifs d’hydrogène, installée dans une sphère en aluminium et de béton boré (qui absorbe les neutrons thermiques en plus d’être extrêmement résistant) d’une dizaine de mètres de diamètre pour une masse de 140 tonnes. Il « est dimensionné pour délivrer sur une cible de quelques millimètres, en quelques milliardièmes de seconde, une énergie lumineuse supérieure à un million de joules », explique la DAM.

L’ensemble est abrité dans un bâtiment de 300 mètres de long construit sur le site du Barp, en Gironde. Il avait été inauguré en octobre 2010 par le président Sarkozy. Restait donc à en faire de même pour le Laser mégajoule. Ce qui a été fait par le Premier ministre, Manuel Valls, le 23 octobre, en compagnie du général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA).

La France « fait la course en tête pour les technologies de dissuasion », s’est réjoui le chef du gouvernement. « Je suis particulièrement fier que notre pays, nos ingénieurs, nos techniciens, nos industriels aient su réaliser un tel système. Même si la Chine et la Russie viennent de s’attaquer à ce défi, seuls la France les Etats-Unis ont pour l’instant réussi à construire un tel laser », a-t-il aussi affirmé, lors de son allocution.

« Pendant toute la Guerre froide, la France a fourni un effort considérable pour ne pas être distancée par les deux grandes puissances de l’époque. Mais désormais elle fait la course en tête pour les technologies de dissuasion », a encore ajouté M. Valls.

D’un coût d’au moins 3 milliards d’euros, ce Laser mégajoule ne servira pas uniquement aux expériences militaires : il sera en effet aussi utilisé pour des recherches académiques. En outre, il donne une nouvelle dynamique à la région, avec la création du pôle de compétitivité « La route des lasers« , avec des industriels, des start-up et des laboratoires, comme le Centre d’études des lasers intenses en Aquitaine (Celia) ou l’Institut lasers et plasmas. Au total, la filière a déjà permis de créer 1.400 emplois et de lancer quelques 400 projets.

La première simulation de tir doit avoir lieu le 2 décembre prochain. En 2015, il est prévu d’en effectuer entre 50 et 100. Par la suite, le régime de « croisière » sera de 200 par an, dont 20%  seront dédiés à la recherche civile.

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