Le premier BPC sera livré à la marine russe si le cessez-le-feu est « entièrement respecté » dans l’est de l’Ukraine

« Horloge, dieu sinistre effrayant impassible, dont le doigt nous menace et nous dit » que… le moment de la décision pour livrer ou non le premier des deux BPC commandés en 2011 par la Russie pour 1,2 milliard d’euros. La veille du sommet de l’Otan, organisé à Newport le mois dernier, le président Hollande avait laissé entendre que le contrat allait être suspendu en raison des événements dans l’est de l’Ukraine.

« Le président de la République reste vigilant s’agissant de la livraison des BPC, car la sécurité de l’Europe, c’est-à-dire la nôtre, est en jeu. Si l’intervention russe en Ukraine continuait à traduire une politique qui menace notre sécurité, chacun comprendrait que nous ne livrions pas d’armes pour nous battre un jour avec », a, de son côté, expliqué Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 1er octobre.

En attendant, tout se passe comme si de rien n’était… Les 400 marins russes arrivés cet été à Saint-Nazaire pour prendre en main le BPC Vladivostok avant qu’il leur soit livré ont continué leur programme de formation, avec des sorties en mer à la clé.

Cela étant, le président Hollande a de nouveau abordé le sujet de la livraison ces navires ce 16 octobre, lors d’un déplacement à Milan. « Ce qu’il faut, c’est que le cessez-le-feu soit entièrement respecté en Ukraine et que ce qu’on appelle le plan de règlement de la crise – l’accord de Minsk – soit intégralement appliqué », a-t-il dit.

Signé le 5 septembre dernier à Minsk, l’accord de cessez-le-feu entre les autorités ukrainiennes et les séparatistes pro-russes du Donbass a été violé à de multiples reprises, notamment dans le secteur de Donetsk. Au moins 200 personnes ont été tuées depuis, selon la diplomatie américaine. À Marioupol, ville stratégique pour les rebelles (et la Russie), un bombardement a encore fait 7 morts parmi les civils, le 14 octobre.

Cependant, imaginons que le cessez-le-feu soit « entièrement respecté » dans l’est de l’Ukraine… Que fera-t-on s’il ne l’est plus après la livraison du BPC Vladivostok? Certes, il restera encore à assembler le second navire commandé (le Sebastopol). Mais tout de même…

Quoi qu’il en soit, pour Moscou, les choses sont très claires : soit la France livre, soit elle rembourse les sommes déjà versées. Et sans doute que la Russie tentera d’obtenir des pénalités. C’est ce qu’a rappelé, le 9 octobre, la diplomatie russe.

« La situation est simple: il y a des contrats qu’il faut remplir », a en effet déclaré Alexandre Loukachevitch, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. « Si la partie française a de nouvelles variantes, il faut en parler et ne pas utiliser la méthode du mégaphone diplomatique », a-t-il poursuivi. Et de conclure : « La France doit se décider. Ou rendre l’argent ».

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