Le nouveau secrétaire général de l’Otan veut une relation constructive avec la Russie tout en restant ferme à son égard

Le cessez-le-feu conclu le 5 septembre entre Kiev et les séparatistes pro-russes actifs dans le sud-est de l’Ukraine a été violé à de multiples reprises au cours de ces dernières semaines et l’on compte près de 70 tués dans les deux camps au cours d’échanges de tirs, notamment à Donetsk, où l’aéroport est aux mains des forces gouvernementales tandis que la ville est contrôlée par les rebelles.

Quant à l’attitude de la Russie, elle est toujours sujette à caution. « Depuis le début du cessez-le-feu, il y a eu un retrait significatif des forces conventionnelles russes d’Ukraine. Cependant, des centaines de troupes russes, y compris des forces spéciales, sont toujours en Ukraine », a affirmé, le 30 septembre, Jay Janzen, un porte-parole de l’Otan.

En outre, selon lui, il y aurait toujours 20.000 soldats russes déployés en Russie, près de la frontière (…) avec l’est de l’Ukraine ». Cette estimation de l’Otan n’a pas évolué depuis juillet dernier.

Cela étant, les menées russes dans l’est ukrainien, avec notamment l’annexion de la Crimée en mars dernier et ce soutien apporté aux séparatistes, a crispé les relations entre la Russie et l’Otan, dont certains pays membres (États baltes, Pologne) redoutent de connaître le même sort que l’Ukraine.

C’est donc dans ce contexte qu’Anders Fogh Rasmussen a cédé, le 1er octobre, ses fonctions de secrétaire général de l’Otan à Jens Stoltenberg, un ancien Premier ministre norvégien.

Lorsqu’il était au pouvoir à Oslo, ce dernier avait su établir de bonnes relations tant avec le président russe, Vladimir Poutine, et son chef de gouvernement, Dmitri Medvedev (qui plus est, les deux ont alterné les fonctions). La Novège et la Russie signèrent plusieurs accords, dont certains concernaient la délimitation de leurs frontières respectives en mer de Barents. D’où la question : est-ce que la prise de fonction de Jens Stoltenberg va changer quelque chose dans la relation entre l’Otan et la Russie?

Lors de sa première conférence de presse, donnée à Bruxelles, le nouveau secrétaire général de l’Otan a d’abord réclamé un « vrai changement dans les actions de la Russie ». Et de préciser : « Un changement qui démontre son respect du droit international ».

« La crise en Ukraine, causée par l’intervention militaire de la Russie, est un défi majeur pour la sécurité euro-atlantique », a encore estimé M. Stoltenberg. Et s’il a salué le cessez-le-feu du 5 septembre, il a toutefois souligné que Moscou maintenait « capacité de déstabiliser l’Ukraine ».

« L’Otan ne cherche pas la confrontation avec la Russie. Mais nous ne pouvons pas et ne ferons pas de compromis sur les principes sur lesquels notre Alliance, et la sécurité en Europe, reposent », a encore déclaré l’ancien Premier ministre norvégien. « Nous allons continuer à pleinement soutenir une Ukraine indépendante, souveraine et stable. Chaque nation européenne doit être libre de décider de son propre destin », a-t-il ajouté.

En outre, M. Stoltenberg, qui n’exclut pas de réunir à nouveau le Conseil Otan-Russie (COR), a expliqué qu’il ne voyait pas de « contradictions entre une Otan forte et notre effort continu pour bâtir une relation constructive avec la Russie ». « Tout au contraire, a-t-il poursuivi, seule une Otan forte peut bâtir une telle relation au bénéfice de la sécurité euro-atlantique ».

Enfin, le nouveau secrétaire général de l’Otan, qui a maintenu l’effort de défense de la Norvège quand il était Premier ministre, sera également ferme sur la question des budgets militaires des pays membres, notamment européens, en baisse depuis des années. Lors du sommet de Newport, ces derniers ont convenu d’atteindre un niveau de dépenses d’au moins 2% du PIB d’ici 10 ans. Et cette question sera « au centre de mon mandat », a-t-il dit.

« Nous allons évaluer nos progrès chaque année. Cela sera à l’ordre du jour des prochains sommets et des réunions des ministres de la Défense. Il est vital d’avoir le bon équilibre de dépenses, les bonnes capacités et la volonté politique de faire ce qu’il y a à faire », a fait valoir M. Stoltenberg. « Je peux être aimable et sympathique. Mais je sais aussi me montrer strict quand ça compte », a-t-il prévenu.

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