Les éoliennes et l’aviation militaire ne font pas bon ménage

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En octobre, un projet de loi sur la transition énergétique prévoyant unr recours accru aux énergies renouvelables sera en discussion au Parlement. Ce qui devrait doper l’industrie des éoliennes.

Déjà, l’installation de ces « aérogénérateurs » fait l’objet d’une réglementation pour des soucis évidents de sécurité aérienne. Mais pas seulement : pour l’armée de l’Air, les éoliennes présentent un risque pour les vols à basse altitude et perturbent le fonctionnement des radars en créant un « effet de masque ».

C’est pour cette raison qu’il est interdit d’en ériger dans un rayon de 30 km autour des systèmes de détection ou à proximité du réseau à très basse altitude (RTBA) utilisé pour les vol d’entraînement.

Or, cet été, les industriels de la filière ont exprimé leur préoccupation sur la volonté prêtée au ministère de la Défense d’étendre les zones interdites autour des radars ( de 30 à 50 km autour des radars) et de refuser tout projet dans les secteurs dévolus aux entraînements à très basse altitude et aux vols tactiques. Et cela d’autant plus que les éoliennes ont tendance à prendre de la hauteur…

« L’armée est en passe d’interdire unilatéralement l’installation d’éoliennes sur près de 60% du territoire. Un vrai putsch! », s’est ainsi étranglé, dans les colonnes de Libération, Benoît Praderie, le président de l’association Planète éolienne.

Le ministère de la Défense a déjà bloqué des projets de parc d’éoliennes. Comme sur le plateau de Lomont par exemple. « Aujourd’hui, des milliers de mégawatts sont bloqués, c’est-à-dire qu’ils ont fait l’objet d’un avis négatif définitif de l’armée », a expliqué, au même quotidien, Jean de Saint-Chéron, du Syndicat des énergies renouvelables (SER). « Et bien plus nombreux encore sont ceux qui pourraient l’être demain si la défense tranchait dans le sens d’un resserrement des contraintes », redoute-t-il.

Avec la densification du parc éolien et l’augmentation de la taille des turbines, le ministère de la Défense veille au grain afin d’éviter que ses activités et ses opérations soient entravées. D’où ses refus fréquents de donner un accord à des nouveaux projets et sa volonté supposée – mais il s’en défend – d’étendre les zones d’interdiction.

Quoi qu’il en soit, la Défense a fait savoir, la semaine passée, qu’un directeur de la circulation aérienne militare a été « mandaté cette année pour traiter le sujet sur ses aspects techniques et réglementaires en lien avec le ministère de l’Ecologie ». L’heure est donc à la discussion…

« Le ministre de la Défense s’est personnellement engagé à ce qu’il n’y ait pas d’interdiction globale mais une évaluation projet par projet, domaine par domaine et lieu par lieu », a par ailleurs indiqué, d’après l’AFP, Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie et de l’Énergie.

Or pour les militaires, il ne s’agit pas de se tromper : quand un parc éolien est installé, il l’est pour longtemp. D’où la nécessité de bien déterminer les zones qui répondent à leurs besoins opérationnels, notamment pour ce qui concerne les secteurs pour les vols à  très basse altitude. En tout cas, cela promet quelques débats…

Cela étant, la Défense n’est pas la seule concernée par ce problème : l’aviation civile et MétéoFrance le sont également. Les deux, qui utilisent des radars, sont aussi consultés quand il s’agit d’installer un parc éolien.

« Les industriels attendent également des avancées du côté de Météo France avec qui le dialogue est plus difficile qu’avec l’armée », a ainsi noté, selon l’AFP, Marion Lettry, déléguée générale adjointe du Syndicat des énergies renouvelables.

Photo : (c) Wikipedia

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