Selon M. Le Drian, la question de frappes françaises en Syrie est posée

Pour le moment, les forces françaises engagées dans l’opération Chammal depuis la base aérienne d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis, effectuent seulement des missions dans le nord de l’Irak. Et il n’est pas question de frappes contre les jihadistes de l' »État islamique » (EI, ou Daesh) en Syrie comme celles réalisées par les États-Unis et leurs partenaires arabes.

Pour Paris, et comme l’a rappelé Manuel Valls, le Premier ministre, à la tribune de l’Assemblée nationale, le 24 septembre, « nous répondons à la demande de soutien des autorités irakiennes, pour affaiblir l’organisation terroriste Daech, car il faut aider les forces de sécurité irakiennes et les combattants kurdes à restaurer la souveraineté de l’Irak ». Et d’ajouter : « Nous resterons impliqués, le temps nécessaire, jusqu’à ce que l’armée irakienne ait repris le dessus sur Daech ».

L’objectif de la France est donc d’affaiblir l’EI alors que les États-Unis parlent d’éradiquer cette organisation terroriste, qui reçoit de plus en plus de soutiens au sein de la mouvance jihadiste, aux dépens d’al-Qaïda. En clair, limiter les interventions au territoire irakien ne réglera pas le problème. Cela étant, Paris met en avant le fait que Paris agit dans le cadre d’une coalition et qu’il y a donc un « partage des tâches », ce qui ne rend pas nécessaire la participation des forces aériennes françaises aux raids menés en Syrie.

« On ne pourra pas s’arrêter à la frontière irakienne. Il faut mettre de côté la question de Bachar al-Assad. Personne ne veut lui apporter son soutien, mais l’urgence est de détruire l’État islamique. On n’aura pas de résultat si on ne met pas les pieds en Syrie », a toutefois fait valoir François Fillon, l’ancien Premier ministre, sur les ondes de RTL, ce 25 septembre.

Et, après l’assassinat d’un otage français par Jund al-Khalifah, un groupe jihadiste algérien dissident d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la position française va-t-elle évoluer?

En tout cas,  le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a affirmé, également à l’antenne de RTL,  la nécessité de « poursuivre les frappes [contre l’EI] avec détermination ». S’agissant de la Syrie, il a rappelé que la France n’y est pas inactive, notamment en soutenant l’Armée syrienne libre (ASL).

La veille, au Sénat, M. Le Drian avait expliqué que la France aidera « l’armée syrienne libre à s’organiser et à être en mesure de riposter à Bachar el-Assad : nous n’avons pas à choisir entre un dictateur sanguinaire et une organisation terroriste » en soulignant que les autorités françaises ont « des réseaux bien identifiés et sécurisés » et font « preuve d’une grande vigilance ».

Le 23 septembre, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a rappelé la position officielle française : soutien à l’opposition syrienne modérée qui lutte à la fois contre les jihadistes et le régime syrien. Mais, sans donner plus de détails, il a aussi affirmé que « nos analystes juridiques disent qu’il n’y a pas d’empêchement à agir en Syrie ».

Cela étant, il n’est pas impossible de voir, dans les prochains jours, des avions français participer aux frappes de la coalition en Syrie. « C’est une opportunité qui ne se présente pas aujourd’hui », a dit M. Le Drian. « Nous avons une tâche importante à mener en Irak et on verra dans les jours qui viennent comment évoluera la situation », a-t-il poursuivi. « C’est une question qui est posée », a-t-il ajouté.

Pour intervenir militairement dans un autre pays, il faut que ce dernier en fasse la demande (cas du Mali en 2013 et donc, de l’Irak) ou qu’il y ait une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies (cas de la Libye en 2011 et de la Centrafrique). Or, la  France agit toujours dans le cadre du droit international… Comment, dans ce cas, lui serait-il possible d’intervenir en Syrie?

Considérant que les « États doivent être en mesure de se défendre quand le gouvenement d’un État est incapable d’empêcher l’utilisation de son territoire » par des groupes armés préparant des attaques (d’où l’insistance sur les frappes contre l’organisation Khorasan, liée à al-Qaïda), Washington a donc invoqué l’article 51 de la Charte des Nations unies

Et ce dernier stitpule : « Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière qu’il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. »

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