M. Le Drian déplore « l’absence de très bonne collaboration avec les services turcs » après un cafouillage autour de 3 jihadistes français

« Même si le risque zéro n’existe pas, nous prenons aujourd’hui 100 % de précautions. Le gouvernement prend et continuera à prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité des Français, il le fera avec sang-froid, sans se laisser impressionner par l’abjection des terroristes de Daesh (ndlr, « État islamique », ou EI) », a assuré Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, en réponse aux menaces proférées par l’organisation terroriste contre la France et ses ressortissants.

Aussi, l’affaire de 3 jihadistes français qui n’ont pas été interpellés lors de leur retour en France, le 23 septembre, alors qu’ils étaient attendus par les services de police, fait désordre… D’autant plus que leur profil a de quoi inquiéter.

L’un d’eux, Abdelouahab El Baghdadi, n’est autre que le beau-frère de Mohamed Merah, qui a tué des militaires et des enfants juifs à Montauban et à Toulouse, en mars 2012. Le mari de Souad Merah (la soeur du tueur) est parti en Syrie au début de cette année pour rejoindre l’EI en compagnie de Gael Maurize et d’Imad Jjebali. Ce dernier, déjà condamné par la justice pour avoir appartenu à la filière jihadiste de recrutement dite d’Artiga, « a le profil pour commettre un attentat en France. Il dispose des contacts pour l’organiser. Son retour est inquiétant », a confié une source des services au Point.fr.

En août, ces trois hommes ont quitté la Syrie pour la Turquie, avec l’intention de rentrer en France. Le 23 septembre, donc, plusieurs sources au sein du ministère français de l’Intérieur ont annoncé leur arrestation à leur descente d’avion, à Orly. Sauf que cette annonce était prématurée…

« Le ministère de l’Intérieur a, à mon avis, dégainé un peu trop vite en annonçant leur arrestation. Ils n’ont pas du tout été arrêtés. Ils sont dans la nature, prêts à s’expliquer, à être interrogés », a affirmé Me Legros-Gimbert, l’avocat. « Ils se sont présentés aux autorités turques fin août pour rentrer chez eux. Contrairement à ce que j’ai entendu, parmi beaucoup de contre vérités ces dernières heures, ils n’ont pas été arrêtés, et encore moins extradés vers la France », a aussi expliqué Me Pierre Dunac, le conseil d’Imad Jjebali.

En fait, les 3 jihadistes n’ont pas atterri à Orly mais à Marseille… Pourquoi? Tout simplement parce qu’ils ont changé de vol au dernier moment, le commandant de bord de l’avion qu’ils devaient prendre ayant refusé de les embarquer pour, apparemment, un problème administratif.

Selon la place Beauvau, qui a réagi vers 21h30, « les services français ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol après l’arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés ». Et le ministère d’ajouter : « Dès cette information communiquée aux services français de sécurité et de renseignement, ceux-ci poursuivaient les investigations dans le cadre du mandat délivré par le magistrat instructeur du pôle antiterroriste ».

Pour autant, ces 3 jihadistes « présumés », qui ont voyagé avec leur passeport, auraient dû quand même être interpellés dès leur arrivée à Marseille, grâce au système Cheops (Circulation hiérarchisée des enregistrements opérationnels de la police sécurisés). Seulement, cela n’a pas été le cas en raison d’une défaillance technique!

Du coup, les 3 individus n’ont pas été inquiétés et sont actuellement dans la nature. Mieux même : l’un d’eux est même intervenu sur les ondes de RTL à une heure de grande écoute pour témoigner sa surprise de ne pas avoir été arrêtés. « Ça fait une heure qu’on est en France. On a passé la douane et on a montré nos passeports (…) Si l’on nous dit qu’il faut se rendre à la police, on ira. Mais on ne comprend pas ce qui se passe. Ça nous a étonné. Personne n’est venu », a-t-il affirmé.

Selon leurs avocats, les trois jihadistes sont disposés à être entendus. « Leur position aujourd’hui, c’est de dire on n’est pas en fuite », a déclaré Me Dunac. Cela dit, l’on peut constater qu’ils ne se sont pas précipités vers le premier commissariat venu… Et il n’en manque pas à Marseille.

Quoi qu’il en soit, invité par France Infos, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a critiqué une initiative « malencontreuse » des autorités turques dans cette affaire.

« Il y a manifestement un gros cafouillage mais il est en grande partie dû aux difficultés, à l’absence de très bonne collaboration avec les services turcs. Ce cafouillage montre qu’il faut renforcer les relations, les méthodes et les actions avec les autorités turques », a ainsi affirmé M. Le Drian.

« Il n’empêche, a-t-il encore souligné, que depuis plusieurs jours, on arrête tous les jours des individus suspectés d’être dans ces filières jihadistes, ils sont arrêtés, mis en garde à vue, judiciarisés ». Et d’insister : « La vigilance est de tous les instants ».

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