Washington dément avoir prévenu Damas de l’imminence des frappes aériennes contre l’EI

Quand on prévient que l’on considérera comme une agression tout raid aérien sur son territoire s’il n’est pas réalisé en concertation avec ses propres forces armées et que des frappes ont quand même eu lieu sans provoquer la moindre réaction desdites forces armées, on a l’air un tantinet ridicule, pour ne pas employer une autre expression…

D’où, sans doute, l’affirmation du ministère syrien des Affaires étrangères, selon laquelle les États-Unis auraient prévenu Damas de l’imminence des frappes aériennes qu’ils allaient affectuer contre les positions tenues par les jihadistes de l’État islamique et du groupe Khorasan, lié à al-Qaïda, en Syrie.

« Les Américains ont informé hier (22 septembre, ndlr) le représentant de la Syrie auprès des Nations unies que des frappes allaient être menées contre l’organisation terroriste Etat islamique à Raqa, bastion du groupe dans le nord de la Syrie », a en effet prétendu la diplomatie syrienne.

Ce que Washington a démenti. « Les Etats-Unis n’ont pas prévenu à l’avance le régime syrien des frappes aériennes sur des positions des jihadistes de l’Etat islamique, même s’ils avaient informé directement Damas depuis plusieurs jours de leur intention de lancer des opérations », a répondu, ce 23 septembre, le département d’État.

« Nous n’avons pas demandé la permission du régime. Nous n’avons pas coordonné nos actions avec le gouvernement syrien. Nous n’avons pas donné de notification à l’avance aux Syriens, ni donné d’indication sur le moment des frappes ni sur les cibles spécifiques », a insisté Jennifer Psaki, porte-parole de la diplomatie américaine.

En fait, tout est question d’interprétation… Ainsi, Mme Paski a précisé que depuis l’annonce du président Obama d’étendre les frappes américaines en Syrie, Washington avait informé directement Damas de ses intentions sans donner de date, via Samantha Powers, la représentante des États-Unis auprès des Nations unies, laquelle a fait passer le message à son homologue syrien. « Nous avons averti la Syrie de ne pas s’en prendre à un avion américain », a précisé la porte-parole.

Par ailleurs, les frappes contre l’EI et le groupe Khorasan ont été faites en collaboration avec 5 pays arabes, dont l’Arabie Saoudite, le Qatar, Bahreïn, la Jordanie et les Émirats arabes unis. Seuls ces deux pays ont, à cette heure, confirmé leur implication.

En outre, le général William Mayville, directeur des opérations à l’état-major interarmées américain, a précisé que le groupe Khrorasan avait été touché par des missiles Tomahawk et qu’il « était proche de la phase d’exécution d’une attaque soit en Europe soit aux Etats-Unis ». Et d’ajouter : « Le groupe Khorassan ne se concentre de toute évidence pas sur le régime Assad ou le peuple syrien, ils construisent des réseaux en Syrie de façon à lancer des attaques contre les Etats-Unis et l’Occident ».

Enfin, le général Mayville a confirmé la participation d’avions F-22 Raptor à ces frappes aériennes. Ces appareils, dont c’était la première mission de guerre, ont « largué mardi des munitions guidées par GPS » contre l’EI.

L’officier a aussi souligné que « les radars du système de défense antiaérienne du régime syrien étaient en mode passif », donc censés être plus efficaces pour détecter un avion furtif comme l’est le Raptor. En configuration « air-sol », ce dernier peut emporter deux bombes GBU-32 JDAM (Joint Direct Attack Munitions) de 906 kg chacune ou bien 8 GBU-39, également appelées « Small-Diameter Bomb », d’une masse de 113 kg environ.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]