Bientôt des drones et des militaires français dans l’est de l’Ukraine?
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCDE) a réaffirmé, le 18 septembre, son intention de doubler l’effectif de son contingent d’observateurs déployé dans l’est de l’Ukraine d’ici fin novembre.
La situation dans l’est du pays est toujours tendue entre les forces gouvernementales et les séparatistes pro-russes. Si Kiev a récemment fait des offres de paix, ces dernières sont pour le moment repoussées par les rebelles.
L’organisation souhaite déployer « 500 moniteurs en deux mois et demi », a confirmé Ertugrul Apakan, le chef des observateurs de l’OSCE en Ukraine, lors d’un point presse à vienne. Il s’agira d’avoir « plus de gens, plus mobiles, plus flexibles » afin de veiller à la mise en oeuvre du cessez-le-feu (violé à de maintes reprises depuis qu’il est entré en vigueur) ainsi qu’à la sécurité de la frontière côté ukrainien.
En outre, M. Apakan a également déclaré que l’OSCE compte bien mettre en oeuvre des drones pour surveiller la frontière « d’ici 4 semaines », en précisant toutefois que « réglages techniques étaient encore nécessaires ».
Cette éventualité, ainsi que le projet de doubler les effectifs des observateurs, avaient été évoqués la semaine passée par Didier Burkhalter, le président de la Confédération suisse, qui assure également la présidence de l’OSCE. « Des discussions sont en cours sur la possibilité d’intégrer, dès que possible, des drones nationaux en tant que contribution en nature des États au système de surveillance » dans l’est de l’Ukraine, avait-il dit.
Qui fournira donc les effectifs demandés et ces drones? Le site de la Bundeswehr, l’armée allemande, apporte une partie de la réponse. « Dans le cadre du sommet de l’Otan au Pays de Galles, l’Allemagne et la France ont accepté, à la demande de l’OSCE, d’envisager un soutien pour la mission d’observation en Ukraine afin d’y surveiller le cessez le feu », y est-il écrit.
Dans un communiqué publié le 16 septembre, il est indiqué que 14 militaires allemands ainsi qu’une équipe française (une douzaine de membres) sont partis dans l’est de l’Ukraine, plus précisément dans le sécteur de Louhansk, pour une mission d’évaluation de quelques jours.
Cette dernière se fait « sous la direction et le soutien de l’OSCE », en uniforme et sans arme. Les militaires français et allemands qui y prennent part doivent déterminer si le déploiement de drones dans ce secteur est possible et, le cas échéant, indiquer les mesures de protection à prendre si nécessaire et détailler les besoins logistiques.
« Sur la base des résultats » de cette mission, il sera ensuite examiné sous quelle forme la France et l’Allemagne pourraient participer au renforcement des moyens de l’OSCE. Vu que cette organisation compte disposer de drones d’ici octobre, la décision d’une participation franco-allemande devrait vite être connue.
S’agissant des drones susceptibles d’être envoyés dans l’est de l’Ukraine, il est bien évidemment exclu qu’il puisse s’agir des Reaper et Harfang français (qui ont déjà bien assez à faire dans la bande sahélo-saharienne) ou des Heron 1 allemands, encore engagés, pour ceux encore en état, en Afghanistan.
Aussi, le 61e Régiment d’Artillerie (RA) de Chaumont devrait être sollicité avec ses drones tactiques « intérimaires » (SDTI) Sperwer. Cet appareil, d’une masse de 300 kg, décolle au moyen d’une catapulte et se pose grâce à un parachute et des coussins gonflables. Il est doté d’une laison radio et peut emporter une charge utile optique et infrarouge. Son autonomie est d’au moins 4 heures, avec un rayon d’action de 80 km. De 2008 à 2012, 12 exemplaires de ce type ont été perdus en Afghanistan, dont 8 en cours de mission.
Côté allemand, l’équivalent du Sperwer, quoique plus léger, est le drone Luna X-2000. Lui aussi décolle grâce à une catapulte (à élastique) et il est récupéré au sol au moyen d’un parachute et d’amortisseurs, voire de filets.