Un nouveau raid aérien dans l’ouest de la Libye a été revendiqué par le général Haftar

Difficile de s’y retrouver en Libye… Le Parlement et le gouvernement intérimaire reconnus par la communauté internationale ont été contraints de s’établir à Tobrouk, à 1.600 km à l’est de Tripoli, où siège le Congrès général national (CGN) dominé par les islamistes (en fait, le Parlement sortant), lequel soutient un gouvernement parallèle.

Cette situation est la conséquence de la prise de contrôle de la capitale libyenne par les milices fédérées au sein du groupe islamiste Fajr Libya (Aube de la Libye), à l’issue de violents combats contre les brigades de Zenten, proches des milieux libéraux. Pourtant, ces dernières avaient bénéficié d’au moins deux raids aériens menés très vraisemblablement par les Émirats arabes unis, en coopération avec l’Égypte, contre leurs adversaires .

La responsabilité de ces deux bombardements avait cependant été revendiquée par l’ex-général Khalifa Haftar, qui a quant à lui lancé l’opération « Dignité » contre les groupes jihadistes actifs près de Benghazi, dans l’est du pays. Seulement, même s’il a su rallier à sa cause des unités des forces aériennes libyennes, cet ancien officier revenu d’exil en 2011 n’a très probablement pas les moyens de planifier de telles missions aussi loin de ses bases.

Cela étant, le général Haftar, via un de ses proches, le général Saqr Jarouchi, a une nouvelle fois revendiqué un raid aérien, mené le 15 septembre contre un dépôts de munitions situé à Garyan (120 km au sud-ouest de Tripoli) et contrôlé par le groupe Fajr Libya. Au moins 11 personnes auraient été blessées.

Toutefois, comme en août, il est à nouveau probable que ces frappes aériennes ont été effectuées par des avions de combat émiratis (F-16 ou Mirage 2000-9?). Si le sud de la Libye devient un « hub » pour les jihadistes, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le pays est aussi en proie à une lutte sourde entre le Qatar d’un côté et les Émirats arabes unis de l’autre, le premier soutenant les Frères musulmans, ce qui lui est reproché par le second. La preuve avec les tensions récentes observés au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). La même chose avait eu lieu en Égypte en 2013.

Ainsi, le 14 septembre, le Premier ministre libyen, Abdallah al Thinni (celui reconnu par le communauté internationale), a accusé le Qatar d’ingérence pour avoir envoyé trois avions chargés d’armes à destination des miliciens islamistes de Tripoli. Ce que Doha a démenti.

« La politique de l’Etat du Qatar se fonde sur des principes clairs et cohérents : respect mutuel et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays », a fait valoir Mohamed ben Abdoullah al Roumaihi, ministre-adjoint qatari des Affaires étrangères. Et Doha de faire remarquer, dans sa réponse, que le Premier ministre libyen ne s’était pas plaint de « bombardement de son pays et de ses citoyens récemment »… Un allusion à peine voilée aux Émirats arabes unis.

Cependant, le Qatar semble vouloir prendre ses distances – du moins en apparence – avec les Frères musulmans puisque  7 responsables égyptiens de cette confrérie ont été priés de se trouver un autre point de chute.

« Les autorités qataries ont dit à la confrérie qu’elles étaient soumises à la pression et que les circonstances n’autorisaient pas la présence de tous ses membres à Doha », a expliqué Ibrahim Munir, un responsable des Frères musulmans, installé à Londres. Ces dirigeants de la confrérie seront accueillis en Turquie… Ce qui n’est pas une surprise dans la mesure où Ankara avait pris fait et cause pour eux au moment des troubles en Égypte, où leur mouvement a été déclaré « organisation terroriste ».

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