La participation du porte-avions Charles de Gaulle aux opérations contre l’EI sera décidée « le moment venu », a dit M. Hollande

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C’est la question du moment : la France va-t-elle déployer le porte-avions Charles de Gaulle dans le cadre des opérations contre les jihadistes de l’EI (« État islamique) dans le nord de l’Irak? « C’est un des outils disponibles », a sobrement déclaré le colonel Gilles Jaron, le porte-parole de l’État-major des armées.

Le fait est. Un porte-avions permet de s’affranchir de certaines contraintes, notamment quand il n’y a pas de bases aériennes situées à proximité du théâtre des opérations, comme cela fut le cas en 2001, lors de l’intervention occidentale contre les taliban et al-Qaïda en Afghanistan;

En outre, le groupe aérien embarqué (Gaé) du Charles de Gaulle peut compter jusqu’à une trentaine d’appareils, dont les Rafale Marine, les E2C Hawkeye pour le guêt aérien et, tout aussi important en cas de pépin, des hélicoptères RESCO (Recherche et sauvetage au combat). Qui plus est, des synergies sont possibles avec la marine américaine.

Interrogé sur un possible déploiement du PAN Charles de Gaulle lors de son déplacement en Irak, ce 12 septembre, le président Hollande a botté en touche, en restant très vague sur les moyens que la France entendait mettre en oeuvre dans le cadre de la coalition en train de se former sous l’égide des États-Unis. « Nous prendrons les décisions le moment venu. Il n’y a pour le moment aucun détail qui peut être donné, notamment concernant le porte-avions », a-t-il affirmé. Sans doute donnera-t-il plus de détails lors de la conférence internationale sur l’Irak prévue lundi prochain…

Cela étant, en dépit des atouts qu’il peut offrir, le déploiement de l’unique porte-avions de la Marine nationale est-il nécessaire? Selon plusieurs sources, il est question d’impliquer une dizaine de chasseurs-bombardiers dans les opérations en Irak. Première conclusion : le format du Gaé du Charles de Gaulle paraît, dans ces conditions, surdimensionné.

On n’en parle que très peu mais, avec la prolongation des opérations en Centrafrique et le lancement de Barkhane dans la bande sahélo-saharienne (BSS), les surcoûts OPEX (opérations extérieures) devraient être plus importants que les 450 millions d’euros prévus dans la Loi de finances 2014. Or, un déploiement du porte-avions, avec ses 2.000 marins, coûte cher… Et c’est sans compter sur son escorte (frégates de défense aérienne, de lutte anti-sous-marine, sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), pétrolier-ravitailleur).

Aussi, les avions français qui pourraient être engagés dans les opérations contre l’EI devraient être mis en oeuvre depuis al-Dhafra, aux Émirats arabes unis, où la France dispose d’une base aérienne. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit s’y rendre le 16 septembre. Seul bémol : la distance. En effet, il y a près de 1.400 km entre Bagdad et Abu Dhabi, ce qui supposera un recours à des avions ravitailleurs. Les États-Unis n’en manquent pas dans le coin.

Même si l’on ignore quand les opérations commenceront, il est probable que, dans le cas d’une mobilisation, le PAN Charles de Gaulle prendrait position en Méditerranée orientale, au plus près du nord de l’Irak. Or, Chypre pourrait tout aussi bien faire l’affaire (à condition, toutefois, d’avoir les autorisations nécessaires). En effet, la Royal Air Force y dispose d’une base, où elle a d’ailleurs prépositionné des chasseurs bombardiers Tornado GR4.

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