Quelle pourrait être la participation française à la coalition formée pour combattre l’État islamique?

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Comme l’a indiqué le président Hollande lors du dernier sommet de l’Otan, la France participera à la coalition militaire, qui, en cours de constitution sous l’égide des États-Unis, interviendra contre les jihadistes de l’État islamique actifs en Irak et Syrie, où ils ont établi un califat.

Seulement, sachant que les forces françaises sont déjà sollicitées dans la bande sahélo-saharienne (3.000 hommes), en Centrafrique ou encore au Liban et que ce n’est pas Byzance au niveau du budget, quels moyens Paris pourrait engager?

1- Une participation aux frappes aériennes

Lors d’un entretien donné le 9 septembre à Europe1, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian n’a pas répondu à une possible participation française à une campagne de frappes aériennes contre les jihadistes de l’EI. En revanche, lors d’un discours prononcé à l’Institut de études politiques de Paris, Laurent Fabius, le chef du Quai d’Orsay a affirmé que la France prendra part « si nécessaire à une action militaire aérienne en Irak ».

Depuis août, deux Transall C-160 des escadrons « Anjou » et « Béarn », ainsi qu’un détachement du 1er Régiment du Train Parachutiste (RTP) sont déjà impliqués dans des opérations humanitaires au profit des populations déplacées dans le nord de l’Irak. Ce « Groupement de Transport Opérationnel » (GTO) a été déployé sur la base aérienne 104 d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.

S’agissant de la campagne de frappes aériennes qui s’annonce, et selon plusieurs sources, il serait question d’engager une dizaine d’avions de combat – très vraisemblablement des Rafale. Mais, comme pour l’armée américaine, il se pose le problème de leur(s) base(s) de départ. Ils pourraient éventuellement être mis en oeuvre depuis les Émirats arabes unis. Voire depuis Incirlik, en Turquie. Mais cela n’ira pas sans soulever quelques questions diplomatiques, sachant que, par exemple, l’EI détient des otages turcs, ce qui pourrait inciter Ankara à ne pas donner les autorisations nécessaires afin de ne pas les exposer à des représailles.

Une autre solution passerait par l’envoi du porte-avions Charles de Gaulle, les États-Unis disposant déjà, dans le golfe arabo-persique, de l’USS Georges H. Bush.

Par ailleurs, selon des informations de Didier François, d’Europe1, il est aussi question de mettre à la disposition de la coalition un E3F AWACS afin de coordonner les mouvements aériens. Les forces américaines disposent déjà de moyens semblables, ne serait-ce déjà avec les E2 Hawkeye de l’USS Georges H. Bush.

En outre, si les États-Unis n’excluent pas de frapper les jihadistes en Syrie, la France paraît plus réservée.

« En Syrie, la situation est différente : Bachar el-Assad ne peut pas être un partenaire, lui dont la complicité avec Daesh (ndlr, l’État islamique en arabe) est établie. C’est pourquoi nous continuerons à aider l’opposition modérée syrienne qui combat à la fois Daesh et le régime el-Assad », a expliqué M. Fabius. La France doit agir en Irak et en Syrie, « mais pas selon les mêmes modalités », a-t-il ajouté.

Qui plus est, agir en Syrie est plus délicat dans la mesure où le régime de Bachar el-Assad a prévenu que frapper son territoire sans avoir préalablement obtenu son accord serait perçu comme une « agression ».

2- Un apport dans le domaine du renseignement

Polyvalence oblige, les Rafale éventuellement engagés dans l’opération qui se prépare peuvent emporter un pod RECO NG pour des missions de reconnaissances (tâche qui revient surtout au 2/30 Normandie-Niémen). Et la France dispose également de satellites d’observation. Mais, en la matière, des moyens de ce type ont déjà été engagés par les États-Unis, qui mettent en oeuvre des drones depuis la base d’Incirlik. En outre, les Tornado GR4 de la Royal Air Force prépositionnés à Chypre depuis le mois d’août emportent également des moyens de reconnaissance (même si la nacelle Litening dont ils ont été équipés sert surtout à cibler des objectifs terrestres).

3- Pas de troupes au sol, mais…

Il n’est pas question, pour les pays appelés à participer à la coalition, de déployer des forces terrestres en Irak. C’est une « ligne rouge », comme l’a souligné, la semaine passée, John Kerry, le chef de la diplomatie américaine. Et le président Obama a dit la même chose le 10 septembre. « Ces efforts seront différents des guerres en Irak et en Afghanistan », a-t-il assuré, après avoir annoncé l’envoi de 475 conseillers militaires supplémentaires auprès des forces irakiennes et kurdes.

Cependant, interrogé sur la possible présence de troupes françaises au sol, M. Le Drian est resté vague, lors de l’entretien donné à Europe1. « Je n’ai pas à vous décliner la manière d’agir. On verra au moment où ça se fera », a-t-il dit. Et son entourage de préciser, selon Reuters, que « rien n’est exclu dans le sens où on ne définit pas une éventuelle opération politique et militaire en fermant la porte à ce qu’il faut faire ».

En fait, comme les États-Unis, il est probable que la France propose l’envoi de 200 à 250 « conseillers » issus des forces spéciales. Certains sont déjà sur place, comme l’a révélé, à Canal Plus, le député Éric Ciotti, après un déplacement dans le nord de l’Irak avec ses collègues François Fillon, Pierre Lellouche et Valérie Pécresse. La mission de ces commandos serait d’encadrer les unités irakiennes et combattants kurdes (voire les miliciens chiites) dans des domaines particuliers, voire d’effectuer des missions guidage appui feu comme sait le faire le CPA 10 de l’armée de l’Air.

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