Des sous-marins japonais pour la marine australienne?

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L’assouplissement des règles pour les industriels japonais de l’armement va changer la donne en matière de d’exportation d’équipements militaires. Du moins dans certains secteurs, comme par exemple la construction navale.

Ainsi, en juin, l’on apprenait que Canberra et Tokyo avaient convenus de renforcer leurs relations militaires, avec à la clé un possible transfert de technologie dans le domaine des sous-marins. En effet, le Japon dispose d’un savoir-faire certain en la matière, avec en particulier les groupes Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Shipbuilding Corporation qui produisent les submersibles de la classe Sōryū, avec, certes, le concours du chantier naval Kockums pour le système de propulsion.

Or, le dernier Livre blanc sur la défense australien (publié en 2013) a réaffirmé la nécessité de doter le pays de 12 sous-marins à propulsion classique. Auparavant, des demandes d’informations auprès des constructeurs potentiels avaient été faites. Le groupe français DCNS fut ainsi sollicité pour le Scorpène, de même que Navantia (Espagne) et Howaldtswerke-Deutsche Werft GmbH (filiale de ThyssenKrupp, Allemagne).

« En raison de la valeur stratégique et de l’importance des capacités sous-marines, le gouvernement demeure engagé à remplacer la flotte de 6 sous-marins de la classe Collins existante par une flotte élargie de 12 sous-marins conventionnels qui répondront aux besoins stratégiques futurs de l’Australie. Ces sous-marins seront assemblés en Australie du Sud », avait pris soin de préciser le Livre blanc australien.

Seulement, selon des informations publiées le 9 septembre par le quotidien The Australian, le gouvernement australien aurait dans l’idée de changer ses plans. En effet, il est question d’un achat des 12 sous-marins de la classe Sōryū directement auprès du Japon plutôt que d’attribuer un contrat aux chantiers navals locaux, ce qui ne va pas sans provoquer quelques vagues…

Ainsi, d’après les chiffres avancés par le journal, l’achat de 12 sous-marins de type  Sōryū coûterait 18 milliards d’euros, soit un prix environ 2 à 3 fois moins élevé si les navires étaient assemblés en Australie (entre 36 et 57,9 milliards d’euros).

Le ministre australien de l’Industrie, Ian Macfarlane n’a pas souhaité commenté cette information. Mais Tony Abbot, le chef du gouvernement, qui avait pourtant promis que les submersibles seraient construits en Australie-Méridionale avant d’être élu, avait affirmé, la veille, que le « plus important était de se procurer les sous-marins les meilleurs à un prix raisonnable pour contribuables australiens ».

Bien évidemment, ces projets n’ont pas manqué d’être critiqués par l’opposition travailliste, qui avait défendu ce programme de sous-marin quand elle était au pouvoir. Ainsi, son chef, Bill Shorten, a affirmé qu’acquérir des sous-marins construits ailleurs qu’en Australie serait « un risque irresponsable pour notre sécurité nationale en tant que nation maritime ». Et d’ajouter : « La construction navale constitue un atout stratégique que nous ne pouvons laisser dépérir et mourir ».

Même tonalité du côté des industriels australiens et les syndicats. L’on se dit ainsi inquiet du côté de l’Australian Industry Group tandis que l’Union des travailleurs du secteur manufacturier met en avant la perte potentielle de « milliers d’emplois dans la construction navale ».

Cela étant, l’expérience des 6 sous-marins de la classe Collins actuellement en service au sein de la Royal Australian Navy (RAN) a de quoi faire réfléchir. Ces bâtiments furent construits en Australie, sous une licence délivrée par le suédois Kockums. Seulement, ce montage industriel sera source de tensions et les submersibles ne donnèrent pas entièrement satisfaction. Loin de là.

« Le problème essentiel des sous-marins de la classe Collins est qu’ils ne peuvent pas offrir des performances aux niveaux requis pour les opérations militaires. Les causes sous-jacentes en sont une myriade de déficiences dans leur design et des limitations opérationnelles conséquentes liées à la plate-forme et aux systèmes de combat », pouvait-on lire dans le rapport McIntosh-Prescott, commandé en 1999 par les autorités australiennes.

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