Décès du capitaine de vaisseau Étienne Schlumberger, Compagnon de la Libération

La Chancellerie de l’Ordre de la Libération a annoncé, ce 10 septembre, le décès du capitaine de vaisseau Étienne Schlumberger, Crozon, dans le Finistère.

Né à Paris le 20 mars 1915 et fils d’un ingénieur capitaine d’aviation tué la même année, Étienne Schlumberger est reçu à l’École centrale. Mais voulant surtout intégrer les rangs de l’École polytechnique, il choisit d’effectuer une année en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand. Ce pari sera gagnant.

En 1938, ils sort au 37e rang de sa promotion de l’X et opte pour le génie maritime. Il est ensuite affecté à l’arsenal de Cherbourg, à la section de réparation des sous-marins, de février à juin 1940.

Alors que les troupes allemandes sont aux portes de la ville, Étienne Schlumberger fait remorquer les 4 sous-marins dont il avait la charge pour leur faire prendre la destination de l’Angleterre. Lui-même partira peu de temps à près à bord d’une vedette des constructions navales pour rejoindre le submersible Ondine.

Dès juillet 1940, le jeune homme rallie la France Libre et tente de convaincre d’autres marins français internés à Liverpool d’en faire de même. Souvent sans succès. « Seule une poignée de marins, donc de bâtiments, décide de le suivre, préférant obéir à l’ordre de l’amiral Darlan de gagner l’Afrique du Nord au plus vite, comme l’ont exigé les Allemands », raconte un article de Valeurs Actuelles publié en juillet.

Quoi qu’il en soit, le jeune officier embarque sur l’aviso Commandant Duboc avec les galons d’enseigne de vaisseau de 1ere classe puis il participe, en tant qu’adjoint au commandant Thierry d’Argenlieu, à l’opération de Dakar, au cours de laquelle il fit preuve de sang froid alors que la vedette des parlementaires envoyée pour négocier le ralliement de la ville était sous le feu des mitrailleuses.

Après avoir débarqué le général de Gaulle à Douala, l’enseigne de vaisseau est affecté à bord de l’aviso colonial Savorgnan de Brazza, avec lequel il prend part à la campagne du Gabon, toujours sous les ordres du commandant d’Argenlieu. Le navire sera attaqué, au large des côtes gabonaises, par le Bougainville, dont l’équipage était resté fidèle au gouvernement de Vichy.

Promu lieutenant de vaisseau, Étienne Schlumberger retrouve par la suite l’aviso Commandant Duboc en tant qu’officier en second. Il prend part aux opérations d’Érythrée contre les forces italiennes puis effectue de nombreuses missions dans l’océan Atlantique.

En février 1942, l’officier de marine renoue avec les sous-marins puisqu’il embarque à bord du Junon, dont il prendra le commandement un an plus tard (à l’âge de 28 ans!). Le submersible est alors dans de nombreuses opérations spéciales, notamment en mer du Nord, jusqu’en août 1944, date à laquelle il est désarmé. Entre-temps, Étienne Schlumberger a été condamné aux travaux forcés à perpétuité, à  la dégradation militaire et à la confiscation de ses biens par le tribunal maritime de Toulon, aux ordres de Vichy, pour désertion et trahison.

Après avoir quitté le Junon, l’officier prend le commandement du Morse, un sous-marin cédé aux Forces navales françaises libres par la Royal Navy. En 1945, il est promu capitaine de corvette quelques semaines après avoir rejoint l’état-major de l’amiral d’Argenlieu, qu’il suivra quand ce dernier sera nommé haut-commissaire en Indochine. Là, Étienne Schlumberger prend la direction du Bureau fédéral de Documentation. Le 17 novembre 1945, il est nommé Compagnon de la Libération.

Deux ans plus tard, il rejoint l’École navale en qualité de directeur des études, puis exerce différentes fonctions, tant à terre qu’en mer. Mais il ne restera pas longtemps au sein d’une Marine nationale alors traversée par des vents (politiques) contraires. En 1953, après avoir obtenu ses galons de capitaine de frégate puis ceux de capitaine de vaisseau de réserve, il retourne à la vie civile pour travailler au sein du groupe Shell en qualité d’ingénieur (il participera à la conception des premiers super tanker).

Ayant pris sa retraite en 1975, Étienne Schlumberger en profite pour naviguer et faire le tour du monde à bord de son voilier.

Membre du Conseil de l’Ordre de la Libération depuis 1997, Étienne Schlumberger était le dernier polytchnicien fait Compagnon de la Libération encore en vie. Une cérémonie militaire sera organisée en hommage le 12 septembre, à la pointe de Pen Hir (Camaret), en fin de matinée.

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