Une nouvelle filiale d’al-Qaïda pour le sous-continent indien

Depuis l’instauration d’un califat entre l’Irak et la Syrie par Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique, le successeur d’Oussama ben Laden à la tête d’al-Qaïda « central », Ayman al-Zawahiri, a été plutôt discret. Du moins jusqu’à son apparition dans une nouvelle vidéo repérée par SITE, le centre américain de surveillance des sites Internet liés à la mouvance jihadiste.

Ainsi, si Zawahiri est sorti de sa réserve, c’est pour annoncer la création d’une nouvelle branche de l’organisation qu’il dirige pour le sous-continent indien afin d’y instaurer un califat. Les pays concernés sont l’Afghanistan, le Pakistan, la Birmanie, le Bangladesh et certaines parties de l’Inde (Cachemire et Gujarat).

Cette nouvelle filiale a pris le nom d' »al-Qaïda pour le jihad sur le sous-continent indien » (Qaedat al-Jihad in the Indian Subcontinent, en anglais). Elle s’est formée par le regroupement de plusieurs formations et sera dirigée par Assim Oumar, un Pakistanais qui sera lui-même subordonné au Mollah Omar, le chef suprême du mouvement taleb afghan.

L’objectif assigné à cette nouvelle entité sera, selon Zawahiri, de « lever le drapeau de la guerre sainte, rétablir la loi islamique, et instaurer la charia d’Allah à travers le sous-continent indien, qui faisait auparavant partie des terres musulmanes, jusqu’à ce que l’ennemi infidèle l’occupe, le fragmente et le divise ».

Il est à craindre que l’Afghanistan soit le premier pays visé par cette formation. Et cela d’autant plus que, si l’on comprend bien, le mollah Omar en tiendra les rênes. Pour le moment, aucun successeur au président afghan, Hamid Karzaï, n’a pu être désigné, étant donné qu’il y a un contentieux entre les deux candidats qui se sont disputés les suffrages de la dernière élection présidentielle.

Du coup, l’accord bilatéral de sécurité conclu entre Washington et Kaboul n’est toujours pas ratifié, ce qui compromet le maintien d’environ 10.000 soldats américains et, par ricochet, la mission Resolute Support de l’Otan, qui doit apporter un soutien aux forces de sécurité locales. Ces dernières de se retrouver seules face aux insurgés étant donné que le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) se termine à la fin de cette année.

Les attaques des insurgés sont quotidiennes. Encore ce 4 septembre, l’explosion de deux camions piégés devant le siège des services de renseignement et un commissariat de police de la ville de Ghazni, ont tué au moins 18 personnes et blessé environ 150 autres.

Cela étant, outre désormais al-Qaïda pour le jihad sur le sous-continent indien (AQSCI), al-Qaïda dispose d’autres « franchises » dans le monde. Ces dernières connaissent des fortunes diverses. La plus dangereuse reste « al-Qaïda dans la péninsule arabique » (AQPA), principalement établie au Yémen. Elle est toutefois régulièrement la cible de frappes aériennes américaines.

Au Sahel, al-Qaïda au Maghreb islamique a subi un lourd revers, en 2013, lors de l’opération française Serval. Après avoir conquis Tombouctou, l’organisation a dû battre en brèche et abandonner ses positions, dont celles qu’elle occupait dans l’Adrar des Ifoghas. En outre, elle a connu une scission, avec le départ d’un de ses chefs, Mokhtar Belmokhtar, désormais à la tête d’une formation dissidente (ou passant comme telle). Même amoindrie – pour le moment – elle a su toutefois garder une capacité de nuisance.

En Somalie, al-Qaïda pouvait compter sur les milices islamistes Shebab, qui lui firent allégeance en 2009. Mais là encore, ces dernières sont mises en échec par les forces de l’Union africaine (AMISOM) et les frappes aériennes américaines. L’une d’entre-elles a récemment visé leur chef, « Godane ». Tout porte à croire qu’il a été « neutralisé ».

Enfin, en Syrie, le Front al-Nosra représente al-Qaïda. Entré frontalement en concurrence avec l’État islamique, qui a ainsi pris ses distances avec Zawahiri, cette organisation dirigée par Mohammad al-Jolani affonte les troupes gouvernementales syriennes. Récemment, elle a pris en otage 45 casques bleus fidjiens de la FNUOD déployés sur le plateau du Golan et exige d’être retirée de la liste noire des mouvements terroristes tenue par les Nations unies.

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