L’armée pakistanaise prétend avoir tué 910 insurgés lors de son opération menée dans la région du Nord-Waziristan

Avec les événements en Ukraine, à Gaza, au Liban, en Syrie, en Irak, en Centrafrique ou encore dans la bande sahélo-saharienne, on en viendrait presque à oublier l’opération menée depuis le 15 juin dernier contre les mouvements islamistes implantés dans la zone tribale du Nord-Waziristan par l’armée pakistanaise.

Appelée Zarb-e-Azb, cette opération a été lancée en réponse à l’attaque de l’aéroport de Karachi par un commando appartenant au Tehrik-e-Taliban (TTP), le mouvement taleb pakistanais. Sans doute avait-elle également un objectif moins avouable… L’avenir le dira.

En effet, Islamabad, ou du moins ses services de renseignement (ISI, Inter Service Intelligence), distingue les bons et les mauvais taliban (ou jihadistes). Les premiers appartiennent, par exemple, du réseau Haqqani, du mouvement taleb afghan, dirigé depuis Quetta par le mollah Omar ou encore du Lashkar-e-Taïba. Ces derniers sont soutenus en sous-mains par certaines autorités pakistanaises étant donné qu’ils servent ses intérêt en Afghanistan. Les seconds, qui appartiennent au TTP, sont combattus puisqu’ils s’en prennent au régime pakistanais.

Seulement, tout ce petit monde avait trouvé refuge dans la région tribale pakistanaise du Nord-Waziristan, contrôlée en grande partie par le TTP. Aussi, l’annonce d’une opération militaire dans ce territoire a permis à de nombreux militants jihadistes de passer de l’autre côté de la frontière… C’est à dire en Afghanistan. Le chiffre de 80% des jihadiste ayant quitté cette zone avant le début de l’offensive a même été avancé (ce qui représente 60.000 militants et leurs familles). Et ne doutons pas que ces derniers seront en position, le moment venu, de défier les autorités de Kaboul…

« Avant même le début de l’opération, les moudjahidines avaient déplacé leurs usines fabriquant des bombes et leurs camps d’entraînement dans des lieux sûrs, a même expliqué Ehsanullah Ehsan, le porte-parole de la Jamaat ul-Ahrar, un groupe taleb dissident du TTP.

Quoi qu’il en soit, l’état-major pakistanais a affirmé, le 3 septembre, que « 910 terroristes ont été tués » lors de l’opération Zarb-e-Azb, au cours de laquelle « 82 soldats ont perdu la vie ». En juillet, il avait indiqué avoir neutralisé 494 insurgés, dont Abou Abdur Rehman Almani, le responsable de l’attaque contre l’aéroport de Karachi. En août, l’AFP avait estimé, sur la base des communiqués officiels, que le nombre de jihadistes tués s’élevait à 632.

Un responsable militaire pakistanais a confié à l’agence de presse que cette hausse de tués s’expliquait par « l’intensification des combats au sol autour de Mir Ali », la deuxième ville du Nord-Waziristan. Pourtant, une offensive y avait été déclenchée dès le 14 juillet dernier.

Par ailleurs, le climat politique est explosif au Pakistan, le Premier ministre, Nawaz Sharif, étant contesté par l’armée (il avait déjà été renversé par le général Musharraf en 1999). Il lui est notamment reproché sa politique à l’égard de l’Inde. Qui plus est, le gouvernement pakistanais doit faire face à une violente contestation, attisée par Imran Khan ancien joueur de cricket populiste et l’imam islamiste Tahir ul-Qadri, installé au Canada.

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