Irak : Berlin veut armer au moins 4.000 combattants kurdes

 

La chancelière allemande, Angela Merkel, va expliquer devant les députés du Bundestag (chambre basse du Parlement) le projet de livrer des armes aux combattants du Kurdistan irakiens (les Peshmergas) afin de les aider à lutter contre les jihadistes de l’État islamique, lesquels ont établi un califat à cheval entre la Syrie et l’Irak, à partir des territoires qu’ils ont conquis.

Ces livraisons d’armes n’auront pas besoin d’être approuvées par les députés allemand étant donné qu’il n’est pas question pour Berlin de déployer des troupes. Toutefois, ils procéderont à un vote symbolique sur cette question.

Jusqu’à présent, Berlin refusait de livrer des armes à des pays en guerre. Cette position avait été rappelée début août par Steffen Seibert, le porte-parole de la chancellerie. « L’un des principes de la politique d’exportation d’armes de ce gouvernement, comme pour tous les précédents, est de ne pas fournir d’armes à des zones de crise », avait-il affirmé.

Plus d’une semaine plus tard, le 20 août, Frank-Walter Steinmeier et Ursula von der Leyen, respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Défense, indiquèrent que, finalement, Berlin allait livrer des armes aux Peshmergas. Quelques jours plus tôt, Mme Merkel avait laissé entendre que cette option était sur la table dans la mesure où la progression de l’EI pouvait porter atteinte à la sécurité de l’Allemagne (seul cas où Berlin peut déroger à la règle fixée en matière d’exportation d’armes).

Dans le même temps, l’Union européenne venait d’accorder son soutien aux pays ayant pris la décision de livrer des armes aux Kurdes, comme la France, l’Italie ou encore le Royaume-Uni.

« La vie de millions de personnes, la stabilité de l’Irak et de la région toute entière et (…) compte tenu du nombre important de combattants étrangers, la sécurité de l’Allemagne et de l’Europe sont menacées », a fait valoir Mme Merkel, dans un communiqué diffusé le 31 août. « C’est de notre responsabilité humanitaire et dans l’intérêt de notre sécurité d’aider ceux qui souffrent et d’arrêter l’EI », a-t-elle ajouté.

Au passage, selon les services de renseignement d’outre-Rhin, environ 400 ressortisants allemands sont partis en Syrie et en Irak pour rejoindre les rangs jihadistes. Leur retour (s’ils en reviennent) risque évidemment de poser de gros problèmes en matière de sécurité…

Jusqu’à présent, l’aide accordée par Berlin a consisté envoyer en Irak 36 tonnes de fret humanitaire, des gilets pare-balles, des casques, des détecteurs d’explosifs et des équipements de vision nocturne. Là, il est question de fournir de quoi armer environ 4.000 peshmergas d’ici la fin septembre, selon le ministère allemand de la Défense.

D’après Mme von der Leyen, les armes destinées aux combattants kurdes seront prélevées dans les réserves de la Bundeswehr et représentent la valeur de 70 millions d’euros. Ainsi, Berlin entend leur founir 30 missiles anti-chars MILAN, des fusils d’assaut G-36 (qui, semble-t-il, ne font pas l’unanimité outre-Rhin), 5 véhicules blindés Dingo, des munitions, des grenades, etc… (On remarquera que les autorités allemandes précisent les armes qu’elles fourniront… au contraire de leurs homologues françaises…). « Les livraisons se feront en trois temps et pourront être adaptées à l’évolution des besoins », a-t-elle précisé.

Quant à l’instruction au maniement de ces armes, elle devrait se faire en Allemagne. Le ministère allemand de la Défense a parlé de 5 Peshmergas – voire plus – qui seraient accueillis en Bavière pour suivre une formation pour utiliser les missiles MILAN. Mais, a expliqué Mme von der Leyen, « en principe, pour la majeure partie du matériel qui est sur la liste, seules quelques heures d’explications sont nécessaires ». Dans ce cas, la formation – sommaire – pourrait se faire à Erbil (Kurdistan irakien).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]