Un comité de mères de soldats russes classé « agent de l’étranger » par Moscou

Le Comité des mères de soldats de Saint-Petersbourg a récemment interpellé les autorités sur la présence de soldats russes dans l’est de l’Ukraine. Sa directrice, Ella Poliakova, a même évoqué l’arrivée d’une centaine de militaires blessés dans l’ancienne capitale des Tsars.

Puis, en qualité de membre du Conseil russe aux droits de l’homme, Mme Poliakova a demandé au  Comité d’enquête russe des informations concernant la possible mort de 9 soldats près de la frontière avec l’Ukraine.

Seulement, ce comité a franchi les bornes pour les autorités de Moscou puisqu’elles viennent de le classer comme « agent de l’étranger », une dénomination en vigueur  depuis une loi votée en 2012 et attribuée à plusieurs organisations non gouvernementales.

« Toutes les déclarations des représentants de cette organisation quant à la prétendue mort de nombreux soldats russes en Ukraine (…) ne sont que des répétitions des informations de la propagande ukrainienne », a fait valoir une source au sein du ministère russe de la Défense.

« Cette décision va bien sûr compliquer notre travail. Cela sera plus compliqué pour nous de recevoir des informations de l’armée, des structures militaires », a commenté, pour l’AFP, Alexandre Gorbatchev, un militant du comité.

Mais le Comité de Saint-Petersbourg n’est pas le seul à demander des comptes au gouvernement russe. Présidente de l’Union des comités de mères de soldats de Russie, une organisation créée en 1989 avant de connaître une large exposition médiatique au moment de la première guerre de Tchétchénie, Valentina Melnikova a estimé à au moins 10.000 le nombre de soldats russes présents aux côtés des séparatistes ukrainiens.

« On a été alerté par les parents d’un soldat auquel les autorités ont fait signer un contrat d’engagement pour partir en mission sur le front. Ils lui ont dit, ‘si tu ne signes pas, on le fait à ta place et on t’envoie à Lougansk en Ukraine’. Alors on a déposé une plainte et c’est comme ça qu’on a commencé à s’intéresser aux soldats russes en Ukraine », a-t-elle expliqué sur les ondes de France Info.

Ce sont donc les familles de militaires qui s’interrogent sur le sort de leurs proches. « Les soldats ne se manifestent plus sur les réseaux sociaux, tandis que les réponses du commandement, quand elles sont obtenues, sont au mieux évasives », a souligné Libération (édition du 29/08). « La seule chose (que les autorités militaires) acceptent de nous dire, c’est qu’ils ne sont pas en Russie », a confié, à l’AFP, l’épouse de l’un d’entre eux, parachutiste au 331e régiment de la 98e division aéroportée.

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