L’Ukraine veut relancer le processus d’adhésion à l’Otan

Depuis quelques jours (et la livraison de l’aide humanitaire russe à Louhansk), les forces gouvernementales ukrainiennes perdent du terrain face aux séparatistes pro-russes, alors qu’elles semblaient tenir la situation en main. Ainsi, Kiev a admis avoir perdu le contrôle de la ville de Novoazovsk située sur sur la mer d’Azov, près de la frontière russe. Et celle de Marioupol pourrait suivre.

Du coup, le président russe, Vladimir Poutine a fait savoir, ce 29 août, qu’il avait demandé aux séparatistes d’ouvrir un « couloir humanitaire » pour les soldats ukraniens encerclés, « afin d’éviter des victimes inutiles et afin de leur donner l’opportunité de se retirer de la zone des opérations ». Ces troupes ukraniennes, a-t-il poursuivi, se sont retrouvées encerclées « après « les succès considérables contre l’opération militaire de Kiev », avant d’en appeler les autorités ukrainiennes « à cesser les combats, à établir un cessez-le-feu et à négocier avec les représentants du Donbass ».

La déclaration du président Poutine vient après les accusations portées contre Moscou au sujet de la présence de soldats russes dans l’est de l’Ukraine, aux côtés des séparatistes. Ce que, bien évidemment, la Russie dément.

Pourtant, les indices prouvant cette présence se multiplient. Selon l’Otan, il y aurait plus d’un millier de soldats russes en Ukraine. Et les séparatistes ne s’en cachent même pas, en affirmant qu’ils sont là à titre personnel. « Ce n’est pas un secret que parmi ces volontaires russes, il y a beaucoup de militaires. Ils combattent avec nous car ils comprennent que c’est leur devoir », a déclaré Alexander Zakhartchenko, le Premier ministre de la République auto-proclamée de Donetsk, lors d’un entretien accordé à Russia Today.

« Il est évident aux yeux du monde entier que des forces russes se trouvent en Ukraine », a affirmé le président américain, Barack Obama. « L’incursion russe qui se déroule à l’heure actuelle en Ukraine ne peut qu’engendrer » des sanctions supplémentaires à l’égard de la Russie, a-t-il ajouté.

« Il faut savoir que la situation, qui était déjà dangereuse dans l’est de l’Ukraine, a atteint une nouvelle dimension », a souligné Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, lors d’une réunion avec ses homologues de l’Union européenne à Milan. « Les violations de la frontière que nous observons nous laissent craindre que la situation ne soit devenue hors de contrôle. C’est pourquoi il faut y mettre fin si l’on veut empêcher une confrontation militaire immédiate entre les forces russes et ukrainiennes », a-t-il aussi prévenu.

« Si cela ressemble à une guerre, si cela a l’air d’une guerre et tue comme une guerre, c’est une guerre », a lancé Radoslaw Sikorski, le chef de la diplomatie polonaise en réponse, sur Twitter, à son homologue suédois, Carl Bildt, qui venait d’écrire : « Il faut appeler les choses par leur nom : c’est la deuxième invasion russe de l’Ukraine depuis un an ».

« Les forces russes sont engagées dans des opérations militaires directes à l’intérieur de l’Ukraine (…). La Russie continue de maintenir plusieurs milliers de soldats prêts au combat, à proximité des frontières de l’Ukraine. Il s’agit d’une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Cela défie tous les efforts diplomatiques en cours pour trouver une solution pacifique », a commenté Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan.

Justement, alors que sa candidature au Plan d’action en vue de l’adhésion (MAP) avait été rejetée en 2008 (comme celle de la Gérgie) en raison de l’opposition de la France et de l’Allemagne, l’Ukraine va relancer son processus d’adhésion à l’Alliance atlantique. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, ce 29 août. Du moins, il a indiqué qu’il comptait demander au Parlement de lancer la procédure d’adhésion.

En 2010, le président ukrainien d’alors, le pro-russe Viktor Ianoukovitch avait renoncé à toute idée d’adhésion à l’Otan pour se rapprocher du groupe des non-alignés. Cela étant, l’Ukraine a participé à quelques opérations de l’Alliance, comme celle menée dans l’océan Indien, dans le cadre de la lutte contre la piraterie ou encore en Afghanistan, au sein de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

« L’Ukraine avait décidé de poursuivre une politique de non alignement », a rappelé M. Anders Fogh Rasmussen, alors qu’il était interrogé sur ce sujet. « Nous respectons pleinement l’éventuelle décision du Parlement ukrainien de modifier cette politique car nous adhérons au principe selon lequel chaque pays a le droit de prendre lui-même ses décisions, sans ingérence extérieure », a-t-il affirmé, après avoir souligné que Kiev pourrait rejoindre l’Alliance à condition de le vouloir er de remplir les conditions nécessaires. Mais avant que cela puisse être le cas, encore faudra-t-il l’accord des autres États membres.

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