Des ingénieurs chinois développent un sous-marin « supersonique »… Info ou intox?
Dans un article publié le 23 août, le South China Morning Post a révélé que l’Institut de Technologie d’Harbin (Chine) travaille actuellement sur un projet de sous-marin capable d’atteindre la vitesse de 5.800 km/h, ce qui permettrait de parcourir la distance entre Shangai et San Francisco en moins de deux heures.
Le directeur du projet, Li Fengchen, a expliqué que ce sous-marin hypersonique utiliserait le principe de la supercavitation. Cette dernière n’est pas nouvelle puisqu’il s’agit du procédé imaginé par les ingénieurs soviétiques pour la mise au point des torpilles Shkval, lesquelles peuvent atteindre 370 km/h, grâce à un moteur fusée, et après avoir été lancées à une vitesse 75 km/h afin qu’elles puissent créer leur bulle.
La supercavitation consiste à générer une gaz assez chaud pour créer une bulle de vapeur qui enveloppe la torpille en mouvement, ce qui permet de réduire considérablement le frottement de l’eau. Et donc à l’engin d’aller plus vite.
Selon Li Fengchen, les ingénieurs chinois seraient en donc en train de mettre en point une nouvelle technologie basée sur la supercavitation. En fait, il s’agirait de créer une membrane, qui, composée par un liquide spécial, se formerait autour du sous-marin.
Seulement, si l’idée peut sembler séduisante sur le papier, il reste plusieurs problèmes à régler, étant donné que les lois de la physique sont les mêmes pour tout le monde. Et les limites d’une torpille comme la Shkval valent aussi pour un sous-marin.
En premier lieu, il faudra trouver une solution pour diriger le submersible : si ce dernier est entouré d’une bulle, comment pourrait-il utiliser son gouvernail, qui utilise la résistance de l’eau pour changer de direction? C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une torpille Shkval doit être lancée en tir direct : la moindre déviation de sa trajectoire romprait la bulle qui l’entoure et par conséquent l’effet créé par la supercavitation.
Un autre défi à relever sera celui de l’autonomie : là encore, la porté d’une Shkval est limitée (de l’ordre de 7 à 10 km). Tout simplement parce que ce qui lui est nécessaire pour créer la bulle de vapeur prend trop de place, ce qui limite l’emport de carburant, par ailleurs hautement instable.
Aussi, il faudrait en emporter une énorme quantité pour alimenter un moteur-fusée qui ne pourrait être que très imposant afin d’atteindre la vitesse attendue. Et encore, l’autonomie ne devrait pas être fantastique (en tout cas, pas suffisante pour atteindre San Francisco en partant de Shangaï).
Enfin, sachant que la vitesse du son dans l’eau de mer est de 1.500 m/s, soit 5.400 km/h (340 m/s dans l’atmosphère), d’autres contraintes sont à prendre en compte, notamment pour ce qui concerne la structure même du sous-marin (comment réagira-t-il à l’onde de choc provoquée par le passage du mur du son?) ainsi que les problèmes physiologiques pour l’équipage.
Cela étant, s’appuyer sur la supercavitation pour augmenter la vitesse des sous-marins fait partie du projet « Underwater Express », rendu public en 2006 par la Darpa (l’agence de recherche et de développement du Pentagone) pour les besoins de l’US Navy et confié à Electric Boat. Il s’agissait de mettre au point un mini-submersible en mesure d’atteindre les 100 noeuds (un sous-marin navigue à 40 noeuds). Le programme est toujours, aux dernières nouvelles, en phase d’expérimentation.