La présence de l’Otan en Europe de l’Est sera « beaucoup plus visible »

L’actuel secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, à qui succédera bientôt Jens Stoltenberg, l’ex-Premier ministre norvégien, a accordé au moins deux entretiens à des quotidiens européens (Le Figaro et The Guardian) au cours desquels il a largement évoqué la situation dans l’est de l’Ukraine et ses conséquences pour l’Alliance atlantique.

Tout d’abord, pour M. Rasmussen, il est indéniable que la Russie est « activement » impliquée dans « la déstabilisation de l’Ukraine », avec une montée en puissance de ses effectifs militaires à la frontière, quand ses propres forces ne sont pas présentes sur le sol ukrainien.

Le 27 août (jour de la diffusion des propos de M. Rasmussen), un diplomate de l’Otan a officieusement indiqué que « de petites formations militaires russes » opérent en « territoire ukrainien » et que les insurgés pro-russes qui tiennent tête aux troupes gouvernementales auraient reçu un système anti-aérien de type Pantsir S1 (SA-22). « Il ne s’agit plus simplement de chars ou de blindés (…) Il y a des incursions en Ukraine par des troupes russes », a-t-il insisté, en précisant aussi qu’il y avait eu des « tirs d’artillerie et de roquettes contre les forces armées ukrainiennes par la Russie, depuis le territoire russe et en Ukraine ».

« Ces incursions indiquent qu’une contre-offensive dirigée par des Russes est probablement en cours à Donetsk et Louhansk », a, dans le même temps, affirmé Jen Psaki, la porte-parole de la diplomatie américaine. « C’est clairement un grand sujet d’inquiétude pour nous », a-t-elle ajouté.

Actuellement, les séparatistes, qui ont repris du poil de la bête depuis la livraison d’une « aide humanitaire » russe à Louhansk, mènent en effet une contre-offensive à partir du sud-est de l’Ukraine, en particulier à Novoazovsk, près de Marioupol et de la frontière avec la Russie. Or, pour attaquer à cet endroit à partir de la ligne de front, les rebelles auraient théoriquement dû passer par des territoires contrôlés par les forces gouvernementales. Aussi, il est probable qu’ils soient passés par la frontière russe.

Quoi qu’il en soit, pour Anders Fogh Rasmussen, les événements en Ukraine met en relief la capacité de l’armée russe « à désinformer, à transformer en véritable offensive militaire ce qui passait initialement pour un exercice et, pour finir, à atteindre ses objectifs sans délai ». Aussi, selon lui, « l’Otan et chacune des armées alliées doivent s’investir davatange pour dissuader cette nouvelle forme de guerre ‘hybride' ».

Si l’Ukraine ne fait pas partie de l’Alliance atlantique, il n’en reste pas moins que d’autres membres, ayant appartenu au bloc soviétique, « s’inquiètent sincèrement d’entendre la Russie s’arroger un ‘droit d’intervention’ pour protéger les intérêts des minorités russophones », a souligné M. Rasmussen, pour qui le principe de défense collective est la « meilleure des dissuasions ».

Cependant, pour que cette dissuasion soit efficace, encore faut-il que l’Otan s’adapte à « ce tout nouvel environnement de sécurité en Europe » en préparant un « plan d’action » visant à permettre de « réagir plus rapidement ».

« Nous avons déjà appelé la force de réaction de l’Otan, qui doit pouvoir être déployée rapidement en cas de besois. Maintenant, nous avons l’intention de développer ce que j’appelerais un « fer de lance » au sein de cette force, avec un très haut niveau de préparation », a expliqué M. Rasmussen.

« Cela veut dire concrètement le prépositionnement d’équipements et de matériels, l’ouverture de bases (non permanentes, ndlr) et l’établissements de quartiers généraux. Les exercices militaires et les rotations d’effectifs seront également plus fréquents dans la région. En clair, la présence de l’Otan à l’est de l’Europe sera beaucoup plus visible, aussi longtemps que nécessaire. C’est le résultat direct du comportement de la Russie ces derniers mois », a plaidé le secrétaire général de l’Alliance.

À la question de savoir si de telles mesures sont conformes – ou pas – avec l’Acte fondateur Otan-Russie de 1997, M. Rasmussen a fait valoir que Moscou a « ouvertement rompu sa part du contrat en violant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

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